Dès samedi 3 décembre, la coopérative Scarabée Biocoop ferme trois de ses treize magasins de la métropole rennaise. Symbole des difficultés que rencontre l'enseigne et plus généralement la filière Bio, dans la région et même plus largement.
C'est une décision "douloureuse" que la coopérative Scarabée Biocoop, a dû annoncer mardi 29 novembre. Trois boutiques rennaises de l'enseigne vont devoir tirer le rideau "au plus vite", dès ce samedi soir.
"Ces magasins ne sont pas au rendez-vous de leur prévisionnel et sont très déficitaires, ce qui tire le résultat de la coopérative vers le bas", déclare le directoire dans une lettre adressée aux adhérents.
Scarabée placé en redressement judiciaire
Signataire de la charte nationale Biocoop, Scarabée Biocoop est placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Rennes depuis le 26 octobre. Une démarche initiée par le directoire de la coopérative. "Un redressement judiciaire est toujours difficile humainement parlant, car il contraint automatiquement la direction à des choix drastiques", justifie-t-il.
Les trois magasins, de la place de Bretagne, des rues de Lorient et de Saint-Malo, avaient pourtant ouvert leurs portes en 2021 (avec un retard dû au Covid), alors que s'observait une montée en puissance du bio.
Des baisses significatives depuis 2021
À Locminé dans le Morbihan, la Biocoop a vu ses ventes "exploser" pendant le confinement. Un bon démarrage pour le magasin ouvert un an plus tôt. Mais l'engouement est de courte durée. Aujourd'hui, l'entreprise enregistre -20 % de perte d'activité.
"On est également à -12 % sur Pontivy", déplore Stéphanie Mougniard, cogérante de la Biocoop Callune qui regroupe, avec Locminé et Pontivy, deux autres magasins en Centre-Bretagne. "Il y a eu une baisse significative en mai 2021 et cette année-là, on a enregistré le premier bilan négatif de notre histoire."
La coopérative est d'ailleurs également placée en redressement judiciaire à sa demande par le tribunal de Lorient depuis le 26 octobre.
On constate surtout une baisse du panier moyen
Catherine MayerVice-présidente du conseil de surveillance de La Gambille
La crise économique touche aussi La Gambille dans les Côtes-d'Armor. "L'objectif est de se maintenir à -10 % jusqu'à la fin de l'année et de ne pas dépasser. On en est là", soupire Catherine Mayer, vice-présidente du conseil de surveillance de la coopérative. Si la baisse de fréquentation se remarque, "on constate surtout une baisse du panier moyen", ajoute-t-elle.
Les cinq magasins de Saint-Brieuc, Plérin, Pordic, Robien et Trégueux échappent à une fermeture, mais La Gambille cesse ses activités annexes comme le coiffeur et le restaurant de Trégueux, ainsi que le rayon poissonnerie, induisant des licenciements de salariés
Toute la filière Bio en difficulté
Des situations difficiles qui reflètent une tendance nationale. "Actuellement, c'est toute la filière Bio qui traverse une crise", résume Catherine Mayer.
En Bretagne, ce ralentissement de l'activité se visualise davantage qu'ailleurs, car la proportion de magasins est plus importante, "aux alentours d'une centaine", précise Henri Godron administrateur Biocoop.
Les fermetures de magasins parfois permettent d'assurer la pérennité du reste du réseau
Matthieu PérouseAdministrateur Biocoop
Mais selon lui, Biocoop, bien moins affecté par cette crise que d'autres réseaux bio-spécialisés, grignote des parts de marché dans la région. "On note un ralentissement prononcé chez Biocoop de l'ordre de 7 %, mais qui est trois fois plus important chez nos concurrents", complète Henri Godron.
Également administrateur Biocoop, Matthieu Pérouse se veut rassurant. "Tous les magasins ne sont pas en difficulté, la situation est extrêmement hétérogène. Et les fermetures de magasins parfois permettent d'assurer la pérennité du reste du réseau."
Peut-être une nouvelle fermeture ?
Dans la métropole rennaise, les dix autres magasins de Scarabée Biocoop restent ouverts, dont six à Rennes. Mais le directoire n'exclut pas de fermer "rapidement" un quatrième site.
"Le réseau Biocoop et la situation de la bio appellent à la prudence et n’annoncent aucune embellie pour 2023. Il est donc impératif pour nous de stabiliser, une fois pour toutes, la chute de Scarabée", peut-on lire dans la lettre.
Pour l'instant, aucun licenciement n'est envisagé à l'issue de la fermeture des trois magasins, les dix-huit personnes y travaillant actuellement seront mutées dans les sites où des CDI sont restés ouverts, en attente de recrutement.