Les étudiants en journalisme de Sciences Po Rennes analysent, dans une web-série, les impacts du changement climatique en Bretagne. Au centre des préoccupations: le probable manque d’eau. Sécheresse, pollution... L'inquiétude enfle à mesure que le climat se réchauffe.
Avec sa réputation de région pluvieuse, difficile d’imaginer que la Bretagne pourrait se retrouver à court d’eau d’ici à 2040. Pourtant, le réchauffement climatique s’accompagnera de son lot de sécheresses, fortes pluies et montée du niveau de la mer. Ces phénomènes auront pour conséquence la mise en péril des réserves d’eau de la région.
Les Bretons auront-ils assez d’eau en 2040 ? La réponse dans « En quête d’eau », une web-série de quatre épisodes réalisée par les étudiants en journalisme de Sciences Po Rennes.
Les réserves d'eau potable menacées
Le premier épisode d’ « En quête d’eau » explique les phénomènes qui toucheront la Bretagne dans quelques années.
Cette hausse des températures aura un impact direct sur nos cours d’eau, qui verront leur taux d’évaporation augmenter de façon non négligeable. Pour la Bretagne, cela pourrait être désastreux, car la région tire 75 % de son eau potable à partir des cours d’eau, rivières et retenues, appelées « eaux de surface ». Si rien n'est fait pour trouver de nouvelles sources d'eau, nos réserves diminueront." Il y a fort à parier qu’à l’avenir, dans les années 2040-2050, on soit en situation de sécheresse tous les deux ou trois ans " , alerte le météorologue Franck Baraer.
Des besoins en eau accrus
Le deuxième épisode aborde la question de la ressource. Avec une activité économique plus importante et des Bretons plus nombreux dans les années à venir, la demande va grimper. Si la tendance se poursuit, la Bretagne aura besoin de 320 millions de mètres cubes d’eau annuels en 2040, contre 284 millions en 2017.
Dans le même temps, à cause du changement climatique, la quantité d’eau disponible en Bretagne sera, elle, sur une tendance à la baisse. Pour gérer ce décalage, chacun devra y mette du sien, de l’initiative locale aux changements globaux :
" Tout le monde est concerné, explique Jean Jouzel, climatologue et ancien vice-président du Giec. Il n'y a pas un seul secteur d'activité qui puisse se dire 'Le réchauffement climatique n'est pas mon affaire' ", prévient-il.
La Bretagne en quête de cours d'eau de qualité
Cette ressource en eau potable menacée par les sécheresses, il va en outre falloir se la partager entre de plus en plus d’habitants… Le constat dressé dans les deux premiers épisodes d’ « En quête d’eau » est sans appel : la gestion de l’eau sera un enjeu central en Bretagne dans les années à venir face aux effets du réchauffement climatique. Pourtant, ce dernier n’est pas le seul à mettre en péril notre approvisionnement.
Ce troisième épisode nous place face à un constat inquiétant : en Bretagne, près de 60 % des cours d’eau et rivières sont en mauvais état écologique ou chimique. Et la dépollution de ces cours d’eau demande du temps.
Thierry Burlot, vice-président de la région Bretagne, est catégorique : dépolluer la totalité des rivières bretonnes avant 2027, comme l’impose la directive-cadre européenne sur l’eau, sera impossible." À l’échelle de la Bretagne, on n’y arrivera pas, on part de trop bas. "
Des pratiques agricoles à repenser
Parmi les substances présentes dans les cours d'eaux bretons, on retrouve notamment des produits issus des activités agricoles : nitrates, phosphore, résidus de pesticides... Selon les associations de protection de l’environnement, la préservation des rivières dans lesquelles la Bretagne puise son eau potable doit passer par un changement des pratiques de l’agriculture conventionnelle. Mais pour beaucoup d’agriculteurs, une inflexion brutale de leurs modes de production est difficilement envisageable.
Pour savoir quels changements sont possibles, et qui doit les impulser, rendez-vous dans le dernier épisode de la web-série « En quête d’eau »." C’est d’autant plus injuste de simplement pointer du doigt les agriculteurs que ça correspond à des choix politiques et économiques " , nuance Yannick Nadesan, président de la Collectivité Eau du Bassin Rennais.
Cette web-série s'insère dans une grande enquête sur l’impact du réchauffement climatique en Bretagne à l'horizon 2040.
« +1,5°C », la Bretagne dans l'urgence climatique
+1,5°C à la surface de la terre à l’horizon 2040. Ce degré supplémentaire pourrait bien changer notre mode de vie.Nous sommes quatorze étudiant·e·s en journalisme à Sciences Po Rennes et, pendant trois mois, nous avons mené l’enquête. Nous avons sillonné la Bretagne, de Guipry-Messac à Brest, de l’Île-Tudy à Saint-Malo, nous vous avons rencontré·e·s pour comprendre comment l’on vit l’impact du réchauffement climatique aujourd’hui, et comment on le vivra demain.