ENVIRONNEMENT. Pourquoi stocker du carbone dans les sols pourrait être un nouveau revenu pour les agriculteurs

Gaïago est une société spécialisée dans les solutions innovantes de revitalisation des sols. Aujourd'hui elle lance un programme unique, Carbone, pour rémunérer les agriculteurs qui s'engagent a revitaliser leurs sols .

Des agriculteurs rémunérés pour agir contre le changement climatique en piégeant le carbone dans les sols. C’est le projet mené la société bretonne  Gaïago, qui a mis au point un produit naturel à base de plantes et de minéraux qui rend les sols plus fertiles.

200 agriculteurs se sont portés volontaires sur 5 000 ha de terre dans l'hexagone pour ce projet.

Olivier Marrec est maraîcher sur la commune de Péaule. Sur une partie des 40 ha de son exploitation familiale, il épand depuis deux ans ce produit naturel à base de plantes et de minéraux dont la composition est gardée secrète.

Cette solution produite par Gaîago permet de redynamiser les sols pour qu'ils se rapproche de la dynamique d'un sol forestier, riche en humus. 

l'humus c'est un peu le réservoir du sol et nous ce que l'on attend de cette solution c'est un sol qui puisse mieux stocker l'eau et aussi plus d'éléments nutritifs pour améliorer la croissance de la plante

Olivier Marrec maraîcher

Un stockage supplémentaire de carbone dans le sol

Mais au delà du gain de productivité escompté par l'agriculteur, l'entreprise Gaïago s'est rendu compte que cette solution naturelle avait un autre avantage.  

"Au delà des bénéfices agronomiques pour la plante notre produit va stimuler la flore et les micro organismes présents dans le sol, et ces micro organismes vont prendre le carbone comme nourriture et vont ainsi permettre le stockage du carbone dans le sol" explique Vanessa Lefebvre la responsable du programme carbone au sein de l'entreprise.

Associée à une école d'ingénieur, Gaïago est la première a mesurer le taux réel de carbone stocké dans le sol. Les autres entreprises procédant la plupart du temps par modélisation pour estimer ces quantités.

Aujourd'hui avec cette solution le stockage supplémentaire est en moyenne de 3 tonnes à l'hectare. C'est une moyenne sur tous les sols que nous testons car ces derniers sont de composition variés en fonction de leur localisation géographique.

Vanessa Lefebvre Responsable programme carbone Gaïago

Un impact sur le changement climatique

"La plante utilise le carbone dans l'air pour le transformer en un végétal, ensuite cette plante va distribuer du carbone dans le sol par ses racines", explique Isabelle Gattin, directrice de l'unité de recherche sur l'agroécologie à l'université Uni LaSalle de Rouen. 

"Le stockage du carbone permet d'atténuer le changement climatique. En effet le carbone capté dans l'atmosphère (résultat des émissions de gaz à effet de serre), si il est capté par le sol, permet de lutter contre le changement climatique. Et cela a aussi des vertus pour la productivité des sols. Quand on va augmenter la quantité de carbone dans le sol cela va accroitre sa fertilité et accroitre la biodiversité."

Selon Frans Timmermans responsable du green deal à la commission européenne : "d'ici 2030 environ 10% des émissions annuelles de CO2 de l'union Européenne pourraient être absorbées par les terres cultivées. Le stockage biologique du carbone est donc un levier majeur pour lutter contre le réchauffement climatique."

Le Marché volontaire du carbone

Ces stocks de carbone absorbés par les sols ont donc un impact positif sur le climat. Un atout vert qui trouve également des débouchés économiques.   

On se positionne vraiment sur le marché volontaire du carbone, qui est différent du marché régulier. On va aller voir des entreprises qui veulent compenser leurs émissions de gaz à effet de serre, et leur proposer de racheter les crédits carbone produits par nos agriculteurs

Vanessa Lefebvre Gaïago

Les clients de ce marché du carbone sont des entreprises du secteur bancaire, de la cybersécurité ou encore des grands groupes énergétiques qui souhaitent maîtriser leur impact carbone et valoriser leur engagement environnemental.

Un changement de pratique pour les agriculteurs et un changement d'image aussi

Pour Olivier Marrec " le fait que l'on ait un impact plutôt positif à ce niveau là sur l'environnement, ça change un peu l'image que l'on pouvait avoir de nous, et ça fait un moment que l'on sait que l'on agit aussi en faveur de l'environnement : par ce biais là on arrive à le démontrer au grand public et c'est plutôt intéressant."

Ce programme unique en son genre devrait permettre à l'agriculteur de bénéficier d'un revenu complémentaire moyen de 90 euros par an et par hectare. Un projet qui fait le pari de réparer une partie du système écologique longtemps malmené par l'agriculture intensive. 

 

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