Epidémie : "Le virus ne va pas disparaître en 2 à 4 semaines, il faut rester vigilant et attentif" selon le Pr Tattevin

Le virus va t-il disparaître de Bretagne ? Si les chiffres rendent les médecins optimistes, les spécialistes appellent tout de même à la vigilance. Le Professeur Pierre Tattevin, infectiologue au CHU de Rennes, explique pourquoi il faut rester attentif et réactif face au coronavirus. 

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L'autorisation des déplacements à plus de 100 kilomètres, l'élargissement de l'offre de la SNCF et les vacances scolaires à venir ne font-elles pas craindre une deuxième vague de contamination ?

Je fais partie de ceux qui pensent qu'il ne devrait pas y avoir de deuxième vague si on arrive à bien maintenir les mesures en cours. Depuis un mois on a des données très rassurantes et en dessous des prévisions qui avaient été faites. 

 

Quels sont les éléments qui autorisent cet optimisme ?

Le déconfinement n'a pas été opéré trop tôt. Si cela avait été le cas, une deuxième vague aurait été à craindre. Le virus a un taux de circulation très faible en France métropolitaine, donc laisser les gens circuler d'un département ou d'une région à l'autre ne représente pas un gros risque.

Ce qui va être très important dans les semaines à venir, c'est de repérer les points de départ des nouvelles micro-épidémies. Il faudra être capable de les reconnaître vite pour circonscrire la zone et laisser les gens chez eux, le temps qu'ils ne soient plus contagieux. Et dans ce cas-là, il n'y aura pas de redémarrage de l'épidémie. C'est un scénario optimiste mais c'est le plus probable si la situation se maintient comme elle est, et qu'on continue à appliquer les gestes barrières.

 

 

Deux raisons de plus d'être optimiste. Il n'y a pas de portage chronique avec le Covid-19. On a entendu parler des gens qui ont été malades et qui ressentent encore des symptômes, mais quand on teste ces personnes, elles ne sont plus porteuses du virus. Au bout de 15 jours dans la plupart des cas, il n'y a plus de virus vivant. Il est plus facile d'arrêter une épidémie comme celle-là que celle du VIH par exemple où les gens sont porteurs du virus pendant des années.

Et puis l'autre point, c'est que la Chine, qui a quelques mois d'avance sur nous, n'a pas eu de deuxième vague. Donc ça suggère que si on arrive à continuer à empêcher la circulation du virus jusqu'à ce qu'il ne circule plus du tout, il va disparaître comme son prédécesseur le SARS Cov1.

 

Cet optimisme ne risque-t-il pas de créer un relâchement dans l'application des mesures barrières ?

C'est une question presque plus philosophique que médicale.

Si on est trop rassurant, on peut faire en sorte que les gens ne s'inquiètent plus du tout, arrêtent de faire attention et ne réagissent pas quand il y aura des symptômes.

Par contre, si on maintient les gens sous pression comme ça a été le cas depuis trois mois, il y a des effets indésirables comme des retards diagnostiques (infarctus, diabète de l'enfant etc...). C'est un peu infantilisant de dire "il faut faire peur aux gens comme ça ils ne font pas de bêtises". Je pense que la population française est bien armée pour entendre un discours à la fois optimiste mais qui ne soit pas l'anarchie. 

 

Pensez-vous, comme votre confrère Matthieu Revest l'a déclaré à la presse, qu'il faut "un dernier coup de collier" et "faire l'effort des gestes barrières encore 2 à 4 semaines" ?

Je pense que le virus ne vas pas disparaître en 2 à 4 semaines. Cela va demander un effort mais peut-être moins de la part de la population générale que de la part des médecins et des autorités sanitaires car il faudra être capable de reconnaître quand il y aura un point de départ d'une micro-épidémie, comme c'est déjà le cas toutes les semaines depuis le début du déconfinement.

Il y a plusieurs petits clusters qui démarrent, donc il faut rester attentif et réagir vite. Pour la population générale, on va aller vers plus de liberté normalement. Mais il ne faut pas oublier de suivre les consignes nationales qui sont très bien faites.

C'est bien que les entreprises se posent la question de la protection de leurs salariés avec toutes les mesures en place comme les plexi ou bâches plastiques. On n'est jamais trop prudent et l'épidémie pourrait repartir, il ne faut pas écarter cette possibilité.

 

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