Brest 2024. "Une telle chance d'être à bord" : L'André Yvette, la plus ancienne gabare d'Iroise, régale ses passagers lors des Fêtes maritimes

Découvrir les Fêtes maritimes de Brest embarqué à bord d'un vieux gréement est un privilège que savourent les invités des entreprises qui louent les navires à la journée. Des moments de convivialité nécessaires, autant pour les sociétés que pour l'équipage qui rentabilise l'entretien du navire.

Plus de mille voiliers sont présents sur le port de Brest pour les Fêtes maritimes et ce mercredi matin, bord à bord avec le majestueux Belem, une embarcation est déjà prise en photo sous tous les angles.

Ce vieux gréement, l'André Yvette, a fier allure avec ses deux mâts imposants, son bout d'avant qui domine le plan d'eau et ses voiles couleur brun-rougeâtre. Il est 10h, le ciel est d'un bleu éclatant et le soleil brûle la peau des chanceux matelots d'un jour. Tous trépignent avant d'embarquer. Le bateau mouille au ponton des majestueux voiliers traditionnels. Et pour cause, la dame est bientôt centenaire. 

Bientôt 100 ans que l'André Yvette navigue en mer d'Iroise

"C'est la plus ancienne gabare d'Iroise en état de naviguer" lance dans un sourire timide le capitaine et propriétaire du navire. Durant les festivités maritimes, des sociétés privatisent à la journée ces bijoux du patrimoine maritime et offrent à leurs salariés ou partenaires des virées en mer sur ces voiles classiques.

Le bateau a été réquisitionné par la ville de Brest pour particper à sa reconstruction après la Seconde Guerre Mondiale

Romain Bartolini

Propriétaire de l'André Yvette

À bord, tous savourent la chance de profiter d'un spectacle rare : des centaines de vieux gréements, toutes voiles dehors, qui naviguent en flottille dans le goulet de Brest. Cette mer, l'André Yvette la connait bien. "À l'origine, à sa mise à l'eau en 1936, le navire naviguait entre Brest et les îles d'Ouessant, de Molène et de Sein pour transporter du goémon" précise barre en main Romain Bartolini son capitaine. "Ensuite le bateau a été réquisitionné par la ville de Brest pour participer à sa reconstruction après la Seconde Guerre mondiale".

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"C'est tellement beau de voir tous ces bateaux sous voiles"

Aujourd'hui, pas de ciment à bord, mais des viennoiseries. L'accueil par l'équipage composé de Romain, Mathilde et Renan est chaleureux et naturel. Romain Bartolini est à la tête de ce navire depuis trois ans. "Nous sommes basés à Port Blanc dans le Golfe du Morbihan, et nous proposons des sorties à la demi-journée, à la journée ou pour des événements familiaux". 

Pour l'épauler sur la saison, un marin de Marine marchande, Mathilde Besnard, tombée dans la navigation après une première vie de danseuse. La jeune femme a la responsabilité du pont quand le capitaine supervise la direction du navire.

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Pour les aider, les fêtes de Brest leur ont envoyé Renan Tissier. Ancien capitaine de l'Étoile du Roy, le majestueux bateau pirate de Saint-Malo loué récemment pour le film "Le Comte de Monte-Cristo". Le marin expérimenté prend plaisir à servir de renfort aux équipages usés par une semaine de festivités. Et son plaisir est partagé par les invités du jour. "C'est tellement beau de voir tous ces bateaux sous voile" lâche Anne-Charlotte après avoir participé à monter la grand-voile de l'André Yvette. "C'est génial d'être sur l'eau. Je connais bien la voile en cata ou en habitable mais sur un tel bateau... C'est un moment d'exception". 

"Vivre des moments hors du cadre"

Ce plaisir visible est l'objectif voulu par Thierry Gouebault, directeur de Cityz Média qui offre la navigation à ses invités. "Bien-sûr, c'est un coût, mais on l'oublie. Ce moment en mer, loin du rythme habituel, nous permet de récompenser nos équipes et nos partenaires".  

Pas de discussion buisness ou de tractation commerciale à bord. Thierry, dont l'entreprise est implantée durablement à Brest, prend plaisir à voir ses partenaires participer aux manœuvres encadrées par l'équipage. "Créer du lien, c'est vital. Il faut savoir vivre des moments hors du cadre".

Des privatisations nécessaires

"Cela coûte un bras d'entretenir ces merveilles" intervient Renan. "Sans ces belles sorties ou les locations à la journée, ces navires seraient à pourrir à quai" affirme l'expérimenté marin qui a choisi la Martinique pour port d'attache.

La météo capricieuse de ce début d'été n'a pas motivé les touristes à venir en nombre en Bretagne. Ces vieux gréements qui vivent des locations de groupes en pâtissent. D'où l'importance de tous ces rassemblements maritimes pour remplir les agendas, et ceci, malgré la forte concurrence entre eux.

Romain Bartolini n'est pas inquiet. L'hivernage a été réussi, le bateau est reluisant et le capitaine démarre cette nouvelle saison avec les fêtes de Brest et celles de Douarnenez avant de retrouver son terrain de jeu, le Golfe du Morbihan.