Une deuxième campagne de recherches des épaves de la Cordelière et du Regent, fleurons des flottes bretonne et anglaise, coulés en 1512 lors d'un tragique combat naval, est en cours depuis ce lundi 3 juin.
Une première campagne, menée du 25 juin au 13 juillet 2018, avait permis de prospecter 6 km2 sur une zone totale de recherche de 27 km2 identifiée. Des milliers de données électroniques avaient été recueillies. Les recherches avaient aussi permis de repérer de nombreux vestiges dont l'épave ouverte en deux d'un bateau de commerce, contemporain de la Cordelière et du Regent, baptisée "Sud Minou 1", en référence au phare du même nom en rade de Brest, non loin duquel elle a été localisée.
Des moyens conséquents et pluridisciplinaires
Depuis lundi 3 et jusqu'au 14 juin, une deuxième campagne est menée sur une zone de 27 km2, de l'entrée du goulet de Brest vers la mer d'Iroise, dont une aire de 10 km2 à haute probabilité.Afin de retrouver ces épaves, le projet d'investigation lancé en 2018 pour trois ans par la région Bretagne et le Drassm (Département de recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines) se veut pluridisciplinaire, associant archéologues, historiens, roboticiens, cartographes et scientiques. Les moyens techniques sont conséquents dont un pénétrateur de sédiment, un magnétomètre ou encore un sonar ainsi immergés depuis l'André Malraux, navire amiral de l'archéologie sous-marine française, alors qu'à son bord les scientifiques suivent la récolte des données.
L'épave "Sud minou1"
La campagne reprendra ensuite du 24 au 28 juin pour se focaliser plus particulièrement sur l'épave "Sud Minou 1", qui repose par 50 mètres de fond, dans une zone très compliquée à prospecter en plongée, car soumise à des courants très forts. Les recherches nécessiteront donc de déployer des systèmes "robotiques inédits particulièrement performants" selon les responsables du projet. Cette épave, celle sans doute d'un navire datant du 15e ou 16e siècle, de plus de 30 mètres de long, n'est pas celle d'un bateau de guerre mais sans doute celle d'un navire de commerce. Aucune pièce d'artillerie n'a été retrouvée.Un combat fatal
Depuis plus de cinq siècles maintenant, la Cordelière cache son secret, entraînée peut-être à jamais par le fond, le 10 août 1512, avec son exécuteur, le Regent, un mastodonte anglais. A l'époque, en ce début de XVIe siècle, la Flotte du Royaume de France de Louis XII, est allié au Duché de Bretagne, encore fermement indépendant. Ils font face aux assauts fréquents de l'armada d'Henri VIII d'Angleterre, sur la pointe bretonne.Lors de cette bataille fatale, La Cordelière, la propre nef ducale d'Anne de Bretagne, un navire de 600 tonneaux, avec 200 canons et 1000 hommes à son bord, est chargée de protéger la rade de Brest. La Cordelière met en déroute deux navires anglais avant d'affronter le Regent, le plus gros d'entre eux. Abordage, corps à corps, le combat est terrible, jusqu'à ce que les deux navires explosent. Ils vont couler très rapidement, emportant 1 500 âmes.
Des précédentes campagnes de fouilles sous-marine
Pour retrouver ces fameuses épaves de la Cordelière et du Régent, plusieurs campagnes archéologiques ont déjà été menées en 1997 puis en 2001. Le Langoz, navire de recherche a sillonné les abords de l'anse de Bertheaume.La découverte de ces navires emblématiques serait extrêmement riche en enseignements, en particulier sur les méthodes de construction navale de l'époque, l'artillerie embarquée, le mobilier de bord ou encore l'accastillage des navires armés, sous le règne de la duchesse Anne et du roi Henri VIII
Pour suivre l'avancée des recherches, voici le site dédié à ses recherches.
Plus de 1500 épaves ont été répertoriées le long des côtes bretonnes. Celles de la Cordelière et du Regent pourraient figurer parmi les plus importantes.
Parallèlement à cette nouvelle campagne de recherches, se tiendra du 17 au 19 juin à Brest une conférence internationale de l'Unesco sur le patrimoine culturel subaquatique, un bien unique et précieux, mais fragile car souvent victime de pillages et destructions.