Après l'annonce d'une subvention de 800.000 euros accordée aux laboratoires Servier, le gouvernement a finalement fait marche arrière face aux critiques d'un collectif de victimes du Mediator.
"C'est incompréhensible, il n'y a aucune justification valable pour cette subvention", fulmine Irène Fachon. Le vendredi 25 mars 2022, le gouvernement a confirmé à Franceinfo qu'il verserait une subvention de 800.000 € aux laboratoires Servier, condamné dans le cadre de l'affaire Mediator.
Dans la soirée du samedi 26 mars, le gouvernement a cependant annoncé faire marche arrière et annuler cette subvention.
C'est Irène Frachon qui avait lancé l'alerte sur ce médicament et sur les agissements des laboratoires Servier en 2010. Douze ans plus tard, elle ne comprenait pas cette subvention, accordée puis retirée par gouvernement.
C'est ahurissant d'un point de vue éthique. Les laboratoires Servier ont été condamnés pour avoir tué des centaines de personnes. Avec cette subvention, le gouvernement devient complice d'un criminel pharmaceutique.
Irène Frachonà France 3 Bretagne
Cette subvention intervenait dans le cadre du plan de réindustrialisation du médicament en France, après le constat de nombreux manquements pendant la crise sanitaire.
Mais les laboratoires Servier n'étaient pas les bons candidats pour la pneumologue du CHU de Brest : "Leurs médicaments sont soit anciens, soit dangereux. Et ils sont courants sur le marché et ne présentent aucun danger stratégique pour la France", assure-t-elle.
"C'est une prime aux délinquants et aux marchands de poison"
Le Canard Enchaîné avait de plus révélé dans ses pages cette semaine que parmi les cinq médicaments concernés par cette subvention, deux ont été désignés comme "inutiles voire dangereux", par les autorités de santé. "C'est une prime aux délinquants et aux marchands de poison", ajoute Irène Frachon.
La lanceuse d'alerte continue son combat contre ce géant de la pharmaceutique, et demande des réponses : "Nous n'avons pas assez d'informations sur les conditions d'octroi de cette subvention. Je mobilise tout le monde autour de moi pour que le gouvernement nous explique ce choix."
Face aux critiques, le gouvernement fait marche arrière
Dans la soirée du samedi 26 mars 2022, le gouvernement a cependant annoncé l'annulation de cette subvention de 800.000 euros, face aux critiques d'un collectif de victimes.
Dans un courrier, le ministère de l'économie explique cette première décision par la volonté du gouvernement de "contribuer au renforcement du potentiel de notre industrie de santé, dans un contexte où la crise de la covid-19 a souligné certaines de ses faiblesses."
Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance l'industrie a confirmé que "dans un esprit d'apaisement, je tenais à vous informer que nous avons décidé d'annuler cette subvention au bénéfice du site de Gidy."