Gites d'étape, artisans d'art, réparateur de vélo, restaurant, escape game. D'ici 2027, l'ancienne prison de Pontaniou va rouvrir ses portes aux Brestois sous la forme d'un tiers lieu mêlant vie économique et associative. C'est le projet Franck Jaclin, entrepreneur spécialiste de la réhabilitation des bâtiments d’exception qui a remporté l'appel à projet lancé par la Métropole de Brest pour réhabiliter l'un des plus vieux bâtiments brestois.
La prison de Pontaniou a vu passer des milliers de prisonniers entre ses murs jusqu'en 1990, mais d'ici 2027, les Brestois pourront y faire garder leurs enfants, réparer leur vélo ou encore y participeront à des Escape game.
La métropole de Brest l'a révélé ce vendredi 19 avril : c'est Franck Jaclin, un spécialiste de la réhabilitation des bâtiments patrimoniaux en déshérence qui a remporté l'appel à projet brestois.
"C’est une fierté, ce bâtiment est emblématique de la ville", remercie l'entrepreneur. Avec son projet "Pontaniou, une ouverture sur la ville", il veut faire de cette imposante bâtisse, un "tiers-lieu durable", c'est-à-dire "un projet collectif et durable par sa pérennité économique" dans un "lieu exceptionnel".
"La proposition prévoit de magnifier un lieu exceptionnel de notre histoire et de le réhabiliter avec des propositions culturelles, mémorielles et d'animation pour tous les publics", a déclaré François Cuillandre, maire PS de Brest et président de la métropole, propriétaire du bâtiment.
Des gîtes à partir de 20 € la nuit
Sans affectation depuis près de 35 ans, l'ancienne prison va accueillir un bar et un restaurant panoramique, une micro-crèche, des espaces d'exposition ou à destination des associations ou d'artisans d'art ainsi que 18 gîtes d'étapes accessibles à partir de 20 € la nuitée.
L'entrepreneur a tiré la leçon des écueils de ses prédécesseurs : en 2018, un projet de reconversion de la prison en appartements haut de gamme avait suscité une levée de boucliers d'historiens soulignant l'intérêt patrimonial du site. Le projet avait finalement été abandonné.
Ce nouveau lieu, qui devrait ouvrir en 2027, rejoindra les 15 hôtels, restaurants et gîtes d'étapes de La Route des Pingouins, une société qui "donne une nouvelle vie" à des "lieux en déshérence" de la côte Nord du Finistère.
"L'idée, c'est de pouvoir faire un circuit de Morlaix à Brest, sans voiture, en itinérance, en ayant accès à des gites d'étape", explique Franck Jaclin.
"Les activités commerciales permettent de payer les travaux pour faire simple. Les activités associatives sont le socle du projet, c'est son ADN, ce qui contribue à son rayonnement."
Franck JaclinLauréat de l'appel à projet de la réhabilitation de la prison de Pontaniou et propriétaire de la Route des pingouins
Associé à la caisse des dépôts et à la banque publique d'investissement (BPI) dans la plupart de ses projets, l'entrepreneur estime que l'investissement de cette réhabilitation devrait osciller entre 5 et 7 millions d'euros. Un coût qui ne comprend pas le prix d'achat de l'imposante bâtisse. Propriété de la Métropole depuis 1997, elle doit encore être estimée par le service des Domaines avant que la vente ne soit actée.
"Les activités commerciales permettent de payer les travaux pour faire simple, explique l'entrepreneur. Les activités associatives sont le socle du projet, c'est son ADN, ce qui contribue à son rayonnement."
Les Brestois qui découvrent le projet sont ravis : "On attendait ça avec impatience ! ça fait un moment que tous les Brestois se demandent ce que va devenir cette prison", s'enthousiasme Jean-Yves Pochart, qui a encore en tête ses passages à la prison. "J'ai tourné un film avec des étudiants dans l'un des cachots, j'ai même rendu visite à des gens emprisonnés là-bas du temps où c'était une maison d'arrêt. "
Avant l'ouverture de la nouvelle prison en mars 1990, 180 détenus y séjournaient encore. Ils s'entassaient de six à huit dans des cellules aux murs suintants, éclairées à la lumière artificielle toute la journée et aérées par un vasistas étroit.
Bâtiment désaffecté depuis plus de 30 ans, l'ancienne prison de Pontaniou se trouve au cœur d'un quartier en plein renouveau, faisant face au téléphérique et aux Ateliers des Capucins, devenus un immense espace culturel et commercial.
Construit entre 1805 et 1810, l'édifice est un des monuments les plus anciens de Brest, ville qui a été presque entièrement détruite par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Des résistants y ont été détenus par les Allemands avant d'être déportés.
Toute cette histoire sera aussi conservée au travers de panneaux explicatifs et de mise en valeur de certaines parties de la prison comme le parloir ou la voute centrale.
Avant que la prison n'entame sa métamorphose, les Brestois pourront venir la visiter du 2 au 4 mai prochain.