Dans le Finistère, les producteurs d'échalote traditionnelle montent au créneau contre les oignons hybrides. Mises en vente sous le nom d'échalote, ces nouvelles variétés, qui nécessitent moins de main-d'œuvre et sont moins chères, mettent à mal le marché.
C'est une nouvelle désillusion pour bon nombre de producteurs dans la région. Une nouvelle variété d'oignon allongé va être mise en vente sous le nom d'échalote. Depuis 25 ans, de nombreuses variétés hybrides d'oignons sont vendues comme des échalotes.
Plus faciles à produire, elles nécessitent moins de main-d'œuvre et coûtent par conséquent moins cher. "Une échalote traditionnelle est un bulbe planté à la main, et il est également arraché manuellement. L'oignon, c’est une graine ensemencée par un matériel adapté, et tout le processus est mécanisé", explique Adrien Corre, président de la section nationale échalote.
Il y a tromperie du consommateur et concurrence déloyale entre producteurs.
Adrien CorrePrésident de la section nationale échalote
Reconnaître les variétés hybrides d'oignons comme des échalotes est une véritable injustice pour les producteurs bretons. "Pour l'échalote, on estime le temps de travaux à 300 heures par hectare. Alors que pour l’échalote de semis et l’oignon, on est à 30 heures par hectare. Nous ne pouvons pas lutter avec eux sur le coût de production", s'inquiète Adrien Corre.
Pourtant, les producteurs bretons écoulent toujours 40 000 tonnes par an. Signe que l'échalote traditionnelle jouit toujours d'une certaine notoriété. "On a un ancrage régional très fort. Les grandes et moyennes surfaces bretonnes sont quand même très fidèles à l'appellation. Plusieurs enseignes jouent le jeu au niveau du territoire, et à l’export, il y a des clients fidèles qui ne veulent que des échalotes traditionnelles."
L'IGP, la solution miracle ?
Les producteurs bretons souhaitent récupérer les parts de marché acquises par les oignons hybrides vendus sous l'étiquette d'échalote. Une IGP, indication géographique protégée, pourrait alors répondre à leurs revendications. "C'est un combat que toute la filière mène depuis 30 ans concernant les dénominations des différentes variétés d'échalote. On est conscients que ça pourrait nous différencier par rapport à nos concurrents", rapporte Bernard Cadiou, président du Collectif échalote traditionnelle de Bretagne.
Mais ce n'est pour autant pas la seule solution. "Il faut mettre à mal l'inscription de variétés frauduleuses, faire respecter les règles. On veut éviter cette concurrence déloyale, il y a un amalgame aujourd’hui au niveau de la distribution et pour le consommateur. Il ne sait plus trop ce qu’il achète vu que plus personne n'applique les règles d'identification et d'étiquetage. C’est la bête noire de notre production."
Mettre les oignons hybrides aux allures d'échalotes dans la catégorie oignons des catalogues, c'est le souhait des maraîchers. Ils espèrent de nouvelles avancées sur le sujet après les prochaines élections européennes.
Nicolas Da Silva avec Sarra Ben Chérifa.