Un instituteur basé en Bretagne a été pris dans un coup de filet national ayant mené à l'arrestation de 80 personnes, le 4 décembre dernier. Il demande à la justice sa remise en liberté conditionnelle avant son jugement, précisant ses habitudes - téléchargements, montages photos, "fixettes sur des élèves" - de 10 ans de pedo-criminalité.
Un instituteur de Brest (Finistère) faisait partie des 80 personnes interpellées dans la semaine du 4 décembre 2023 dans le cadre d'une opération nationale contre la pédo-criminalité a demandé ce jeudi 14 décembre 2023 à la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Rennes de le remettre en liberté.
Sébastien XXX est instituteur remplaçant : au moment de son interpellation, cet habitant de Bohars enseignait à l'école Auguste-Dupouy, à Brest, après être notamment passé à Poullaouen. En tout, il a été affecté à cinquante-six reprises dans vingt établissements finistériens.
Le 4 décembre 2023, cet homme de 48 ans a donc été interpellé chez lui et a été placé en détention provisoire par un juge des libertés et de la détention (JLD) dans la foulée. Les enquêteurs spécialisés avaient découvert que l'instituteur utilisait des logiciels peer-to-peer et étaient remontés jusqu'à lui grâce à son adresse IP. Il avait spontanément informé les enquêteurs qu'il télécharge et consulte des sites.
Vingt-et-un disques durs, des clés USB, des téléphones et quatre sacs-poubelles de 50 litres de sous-vêtements d'enfants ont été saisis. Près de 100.000 fichiers informatiques mettant en scène des enfants âgés de 6 mois à 15 ans dans des poses sexuelles explicites ou ayant des rapports sexuels avec des adultes ou avec d'autres enfants ont aussi été retrouvés, a détaillé le président de la chambre de l'instruction.
Sébastien XXX - qui a une consommation d'alcool "élevée" selon le magistrat - a reconnu s'être adonné à ces "téléchargements de vidéos représentant des mineurs nus" depuis "une dizaine d'années".
Des videos dans les salles de classe
L'enseignant pouvait filmer des jeunes filles mineures sur son lieu de travail et faisait des "fixations sur des élèves" : plusieurs vidéos ont d'ailleurs été tournées dans les salles de classe. Le fait d'avoir "tenté de filmer l'entrejambe d'une fillette" n'était "pas forcément volontaire", a-t-il toutefois assuré.
Cet homme qui se décrit comme "fétichiste" et souffrant de "bipolarité" avait aussi expliqué avoir imprimé des photos de ses élèves pour se masturber, allant même jusqu'à réaliser des montages dans lesquels il insérait "son propre sexe sur l'image" grâce à un logiciel de retouches...
Sur un plan pénal, il a simplement été condamné une fois pour conduite en état d'ivresse. Son avocate a aussi rappelé qu'il "assume totalement sa responsabilité" et que son interpellation avait permis de "le ramener à la réalité".
Me Solène Lesnard a aussi rappelé que son client justifiait d'un "certain ancrage" et qu'il ne pourrait de toute façon "plus jamais exercer sa profession" d'enseignant. Ses parents ont aussi donné leur accord pour l'héberger.
L'avocate générale a pour sa part rappelé la situation "compliquée" de l'Education nationale dans ce dossier : elle se voit opposer le secret de l'instruction et ne peut prendre de sanction à ce stade. La représentante du parquet général a donc sollicité le maintien en détention de l'enseignant pour éviter une remise en situation professionnelle. La chambre de l'instruction se prononcera vendredi 15 décembre 2023, dans la matinée, sur une éventuelle remise en liberté.
SG/CB (PressPepper)