Nuit des étoiles 2024. "Saturne qui se lève avant minuit", l'astrophysicien Éric Lagadec met le ciel à portée de main

Eric Lagadec a le chic pour rendre l'Univers accessible à tous. Quand il raconte les étoiles, les galaxies, les planètes, l'astrophysicien finistérien invite à un fabuleux voyage cosmique. Son travail de vulgarisation scientifique est très suivi sur les réseaux sociaux. Et a même tapé dans l'œil de Guillaume Meurice.

Éric Lagadec porte bien son patronyme. 'Celui qui a de grands yeux' en breton. Et l'œil de cet astrophysicien finistérien est plutôt aiguisé. Comme son humour d'ailleurs qui lui vaut de partager la scène avec Guillaume Meurice dans un spectacle qu'ils ont co-écrit, "Vers l'infini (mais pas au-delà)".

Le scientifique, aux 188.000 abonnés sur le réseau social X (ex-Twitter), et l'humoriste ont échangé des messages puis se sont rencontrés. "Il m'a posé une question, se souvient Eric Lagadec. Est-ce que si tu rentres dans un trou noir, tu peux retrouver la dignité de Manuel Valls ?". Réponse du tac au tac : "Si tu rentres dans un trou noir, tu ne peux plus en ressortir, c'est un peu l'inverse de la prison de la Santé pour les Balkany". Voilà comment tout a commencé et où cela le mène : en tournée à partir de septembre prochain.

Pluie d'étoiles

Mais pour l'heure, place aux étoiles, avec les nuits d'observation qui démarrent ce 9 août 2024. Depuis Sizun, dans les Monts-d'Arrée, et la maison familiale, Éric Lagadec est sceptique. Car le plafond, au moment où nous nous parlons, est plutôt bas. "À ce train-là, on ne va pas pouvoir observer grand-chose" s'amuse celui qui, en expert, sait que le ciel du Finistère est aussi facétieux que lui. En plus, les planètes vont s'aligner puisque les prévisions météo annoncent du beau fixe.

De quoi en prendre plein les mirettes. Et justement, qu'est-ce que l'on va pouvoir contempler jusqu'au 11 août ? "La Voie lactée, les étoiles filantes, Saturne qui se lève avant minuit. On peut même deviner la galaxie d'Andromède qui se trouve à 2,5 millions d'années-lumière" détaille l'astrophysicien.

Sur son compte X, où il cartonne avec ses publications scientifiques, il donne quelques conseils dans un thread pour savoir où et quoi regarder. Si, par exemple, vous voulez assister à la pluie d'étoiles filantes des Perséides, éloignez-vous de toute source de pollution lumineuse. "À Sizun, c'est l'idéal, s'enthousiasme-t-il. L'obscurité est totale et le ciel y est extraordinaire".

Éric Lagadec aime partager ses connaissances et rendre cette science de l'Univers accessible à tous. C'est sans doute ce qui explique son succès sur les réseaux sociaux et quand il se déplace dans les établissements scolaires "pour transmettre le plus simplement possible".

ll n'oublie pas d'où il vient, ni les enseignants de cette école de la République qu'il défend bec et ongles. "Parce que sans elle, je n'en serais pas là" souffle-t-il, reconnaissant. Lui, le petit-fils d'agriculteurs du Léon et fils de marchands de vin ambulants, est aujourd'hui une sommité dans son domaine : la poussière d'étoile.

Chaudron cosmique

Éric Lagadec est tombé dans le chaudron cosmique lorsqu'il était étudiant à l'université de Brest. "Il a suffi d'un cours de physique nucléaire pour provoquer le déclic, relate-t-il. Je suis allé à la bibliothèque, j'ai pris plein de bouquins parmi lesquels le 'Poussières d'étoiles' d'Hubert Reeves".

La suite de ses études se déroule à Nice où, DEA en poche, il intègre l'Observatoire de la Côte d'Azur pour sa thèse. Il voyage beaucoup, Manchester, Munich, les États-Unis, et colle son œil aux plus grands télescopes du monde dont ceux, géants, du désert de l'Atacama au Chili.

Pour emmener le plus grand nombre dans ces contrées interstellaires, l'astrophysicien a signé son premier livre il y a un an, L'Odyssée cosmique - une histoire intime des étoiles, un récit où il mêle découvertes et souvenirs personnels.

Extraterrestre

L'histoire débute d'ailleurs dans les Monts-d'Arrée, chez lui, à cette époque où, gamin, il lui arrivait de se promener le nez en l'air pour admirer la voûte céleste. "J'ai écrit ce livre en espérant qu'il donne envie à ma mère de le lire et de le comprendre, confie Éric Lagadec. L'idée n'était pas de faire un truc chiant et hermétique, mais d'amener le lecteur à voyager et à se poser des questions".

Celle qu'on a envie de lui poser concerne évidemment la vie extraterrestre, c'est LA question qui fascine l'humanité depuis la nuit des temps. Il en pense quoi ? "Jamais, je ne pourrai affirmer qu'il n'y a pas de vie ailleurs que sur Terre. Toutefois, je ne peux pas non plus affirmer qu'il y en a une tant qu'on ne l'a pas trouvée" nuance-t-il en bon scientifique. "On se donne les moyens technologiques pour y répondre... Un jour" ajoute-t-il.

Quoi qu’il en soit et ainsi qu'il le dit : "l'univers peut être fini sans avoir de bord". De quoi nous donner matière à réfléchir en observant le ballet des étoiles ces trois prochaines soirées.