Alors que certaines voix s'élèvent contre l'absence des pêcheurs ou de leurs représentants au sommet des Océans, la filière est toujours mobilisée pour réduire son impact sur l'environnement. Si du chemin reste encore à parcourir, les améliorations sont notables. Pour les professionnels, la réglementation est trop souvent en retard sur la réalité du terrain.
Après 10 jours de mer, le Bara Ar Vicher rentre au port du Guilvinec pour y débarquer 20 tonnes de poissons à la criée.
Dans ses cales : de la lotte, de la raie, de la cardine... Autant d'espèces dont la pêche est légiférée par les quotas fixés, chaque année, par Bruxelles. Depuis janvier dernier, la Commission Européenne a validé une baisse inédite sur la sole du golfe de Gascogne et de Bretagne-ouest, dont la ressource était jugée en mauvaise posture.
on nous retire le poisson le plus cher qu'on a dans notre cale
Une aberration pour l'équipage du chalutier, qui en a pêché "comme jamais l'année dernière. C'est quand même un poisson qui est au minimum à 20 euros, il y a de la demande" s''étonne Jean-François Boulaire, le patron du Bara Ar Vicher, "donc on nous retire le poisson le plus cher qu'on a dans notre cale. On ne comprend pas."
Un manque de réactivité
L'armement Bigouden, qui possède onze autres bateaux, a amélioré la sélectivité des engins de pêche, et modernisé sa flotte.
Des efforts qui ne sont pas récompensés, estime sa présidente Soizig Palmer-Le Gall. Elle pointe les décalages entre décisions et réalité : "ça n'est pas assez réactif par rapport à ce que l'on voit. Et non seulement ce n'est pas assez réactif, mais à partir du moment où l'on met un quota zéro sur une espèce, on n'en parle plus" regrette-elle.
Sur l'eau, le décalage prend la forme d'un douloureux renoncement pour les équipages. "Par exemple sur l'aiguillat, on en pêche beaucoup, mais on ne peut pas le ramener" explique Soizig Palmer-Le Gall, "comme il a un fort taux de survie, on peut le remettre à l'eau, mais les pêcheurs en sont malades".
Des stocks reconstitués
Des stocks de poissons qui se reconstituent, c'est aussi ce que constate le biologiste Alain Biseau, de l'Ifremer, qui participe aux diagnostics sur la ressource.
En 2000, seuls 15% des stocks étaient préservés. Désormais, on frôle les 60% de pêche durable. "Nous sommes à plus de la moitié de débarquements qui proviennent de populations en bon état" constate Alain Biseau. "Il y a donc une augmentation très importante du nombre de poissons qui sont débarqués, mais également du nombre d'espèces qui sont en bon état."
L'impact du réchauffement climatique et l'effet des pollutions sont plus difficiles à appréhender pour les chercheurs. Ainsi les cas de la sole, du cabillaud de mer celtique ou encore de la sardine de Méditerranée. Cette dernière, constatent les scientifiques, est de plus en plus petite, à cause de la modification du plancton.