L'association Don Bosco perd sa mission d'accueil d'urgence des mineurs. Ainsi en a décidé le Département du Finistère. Les 34 salariés des deux foyers concernés sont inquiets pour leurs emplois. Explications.
Le Conseil départemental du Finistère l'a annoncé le 31 mars : il reprend la main sur l'accueil d'urgence des mineurs, mission jusque-là confiée à l'association Don Bosco, dans le cadre de la protection de l'enfance.
Maël de Calan, le président du Département, justifie cette décision par une volonté de "clarifier qui fait quoi" car, explique-t-il, "tout le monde fait un peu de tout et cela ne fonctionne pas. Il y a une vraie désorganisation et l'enjeu, aujourd'hui, est de créer un système qui sera propice à l'éducation et l'épanouissement de l'enfant".
Il veut que Don Bosco concentre désormais son action sur l'accueil "pérenne". L'urgence, elle, sera ramenée dans le giron du Centre départemental Enfance-Famille.
Réalité du terrain
Pour les 34 salariés des deux foyers d'accueil d'urgence de Don Bosco - l'un à Guilers créé en 2005 et l'autre à Pencran qui a ouvert en 2021 - cette annonce est vécue "brutalement". Elle "acte la fermeture de nos structures et menace nos emplois" disent-ils. Des structures où les mineurs passent en moyenne deux à trois mois avant d'être placés en familles d'accueil.
Ronan est éducateur dans le service de Guilers depuis 17 ans. "En théorie, sur le papier, ce nouvel organigramme, il peut s'entendre, observe-t-il. Sauf que la réalité du terrain est tout autre. Décréter sans savoir comment, ce n'est pas la solution. Il faut partir des constats du terrain pour construire quelque chose qui fonctionne".
Il pointe le manque de places dans les structures d'accueil à moyen et long terme. "Si les enfants restent plus longtemps que prévu dans nos foyers d'urgence, c'est parce qu'il n'y a pas de places ailleurs".
Le président du Département balaie l'argument d'un geste. "Pas assez de places en foyer ? On va en ouvrir" assure-t-il. Ronan rappelle qu'en 17 ans, "des structures ont fermé faute de budgétisation."
"Il y a une discussion à avoir"
Dès cette annonce du 31 mars, la direction de Don Bosco a demandé à être reçue par Maël de Calan. "Il y a une discussion à avoir, indique Michel Jézéquel, directeur de l'association. Nous n'avons pas encore eu cet échange avec le Département et nous l'attendons rapidement. On prend note de cette volonté de faire évoluer les choses, encore faut-il que l'on puisse discuter ensemble des modalités, des échéances, des postes, des bâtiments concernés, etc". Il ajoute que l'association a elle aussi "développé un projet associatif et qu'il est important qu'il soit pris en compte".
Concernant les emplois des 34 salariés, le président du Département du Finistère se veut rassurant. "Celles et ceux qui voudront continuer à faire de l'accueil d'urgence, on sera très heureux de les recruter, affirme Maël de Calan. Les autres pourront faire de l'accueil pérenne avec le même lieu de travail et le même salaire".
Les salariés des deux foyers de Guilers et Pencran ont adressé un courrier au président du Conseil départemental. "On a peur pour nos emplois parce que forcément, nos fonctions ne seront plus les mêmes, remarque Christophe, éducateur. Le travail au service d'accueil d'urgence, c'est particulier, avec des horaires décalés, des nuits, des temps de week-end, une disponibilité à toute épreuve. C'est un choix professionnel de notre part, c'est pas juste un poste d'éducateur."