Le feuilleton juridique sur la conformité de son Ultim mis en sourdine, François Gabart n'a qu'une hâte: fendre les flots de l'Atlantique et se frotter aux autres concurrents pour remporter une 2e Route du Rhum.
"Ça reste un sport alors place au jeu!" réagit le navigateur de 39 ans. Le feuilleton juridique sur la conformité de son Ultim mis en sourdine, François Gabart n'a qu'une hâte: fendre les flots de l'Atlantique et se frotter aux autres concurrents pour remporter une 2e Route du Rhum.
Sur son Ultim SVB-Lazartigue d'un bleu resplendissant, au large de Concarneau, François Gabart affiche une mine radieuse lors d'un entraînement.
Il faut être capable de gérer des machines qui demandent beaucoup d'énergie, il faut être en forme et je le suis: je me sens bien à un mois du départ
François Gabart, skipper
Car, ces derniers mois, François Gabart s'est retrouvé dans des rubriques extra-sportives peu habituelles en raison d'un conflit sur la conformité de son Ultim, qui dérogerait à une règle internationale de sécurité. Si tous les comptes dans la classe Ultim ne sont pas soldés, une dérogation obtenue fin juillet lui permet de participer à la 12e édition de la "Reine des Transatlantiques".
Conformité du bateau
Dans le petit monde de la voile, une phrase revient quand on évoque le litige: "C'est dommage d'en être arrivé là". "On sera huit sur la ligne de départ et que le meilleur gagne et puis on tirera des conclusions à l'arrivée, mais, sur ce sujet-là, on ne va plus rentrer là-dedans", glisse Armel Le Cléac'h (Banque Populaire), l'un des favoris avec Gabart,Charles Caudrelier (Edmond de Rothschild), Yves Le Blevec (Actual) et Thomas Coville (Sodebo).
Un entraînement perturbé
Preuve que tout n'est pas encore apaisé, François Gabart n'a pu s'entraîner avec Sodebo, Banque pop ou Gitana. "Forcément, ce n'est pas idéal. C'est évident que s'entraîner en groupe, cela fait partie de mon fonctionnement", reconnaît François Gabart. Autre difficulté pour le skipper charentais, ce sera la première fois qu'il mènera une grande course en solitaire sur SVR-Lazartigue, qui a été mis à l'eau en juillet 2021.
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On apprend toujours à se connaître, mon bateau reste récent et est encore en phase de fiabilisation. Je sens bien qu'il a un potentiel dingue et qu'il peut être très rapide. J'ai presque réussi à atteindre les 50 nœuds et réalisé des moyennes à 42/43 nœuds sur plusieurs heures.
François Gabart , skipper
Cette allure pourrait lui permettre d'écrire une nouvelle ligne au palmarès d'une course qu'il connaît bien, après l'avoir remportée sur un Imoca en 2014 et avoir terminé deuxième lors de la précédente édition, après plus de sept jours de navigation. En 2018, la course avait été marquée par un final à couper le souffle, Francis Joyon le devançant de.... sept minutes. L'équipe de François Gabart avait révélé tardivement que le skipper, alors sur Macif, avait subi d'importants dommages, ayant notamment
perdu dès les premiers jours deux appendices, foil et safran.
Caméras, systèmes de détection, cockpit hermétique
Aura-t-il moins de casse lors de cette édition? "On aura forcément de petits soucis, l'idée c'est d'en avoir qu'on peut réparer et qui n'entraînent pas des pertes de performance". "Ces foils (qui permettent de voler, ndlr) on les connaît mieux, ils ont fait des milles. Il y a des caméras, des systèmes de détection qui permettent de mieux appréhender l'environnement dans lequel on est et d'éviter ainsi la casse", dit-il , au sujet de son maxi trimaran, où se trouve un volant dans une sorte de cockpit qu'il peut fermer hermétiquement, donnant des airs d'aviation et de sport automobile à la course au large.
La route du Rhum, c'est là où ça fait mal !
Le 6 novembre, au départ de Saint-Malo, dans cette cité "qui a marqué l'Histoire maritime", François Gabart se lancera aux côtés de 137 bateaux dans une course qu'il compare à du demi-fond. "Le sprint, ce serait la voile olympique, le marathon ou l'ultra trail ce serait le tour du monde, là le Rhum c'est sur du 1.500 ou du 3.000 m... Là où ça fait mal", lance-t-il, impatient de se lancer dans la bagarre.