Selon Bretagne Vivante, 10.000 à 14.000 mulettes perlières sont présentes dans 27 cours d'eau bretons, principalement sur les bassins-versants de l'Aulne, de l'Ellé-Isole et du Blavet. Le mollusque bivalve est une espèce en danger d'extinction. L'association mène depuis 2010 un programme de conservation et de réintroduction de cette moule d'eau douce, laquelle participe au maintien de la qualité du milieu naturel.
Une mulette perlière dans le fond d'une rivière est le signe d'une bonne qualité de l'eau. Ce petit mollusque est très sensible et très exigeant quand il s'agit de ses conditions de vie. Il est ce qu'on appelle aussi une espèce parapluie : il protège les autres habitants du milieu naturel, comme les truites, les vairons, les invertébrés aquatiques et même les libellules.
"Si la mulette est là, c'est que la rivière se porte bien" sourit Pierrick Pustoch qui, ce jour-là, avec d'autres membres de Bretagne Vivante, sillonne un cours d'eau du côté de La Feuillée dans les Monts-d'Arrée. L'association a lancé, il y a dix ans, un programme de réintroduction de l'espèce.
En danger critique d'extinction
En 2013, 400 petites mulettes ont ainsi été relâchées dans les rivières bretonnes. L'animal, protégé, se trouve "en danger critique d'extinction". En un siècle, 98 % de ces moules ont disparu. Il n'en resterait aujourd'hui que 10.000 à 14.000 en Bretagne. "L'idée, c'est de les aider à se reproduire, explique Pierrick Pustoch. On collecte les larves dans le milieu naturel que l'on transfère vers une station d'élevage à Brasparts. Elles sont mises artificiellement sur des truites fario, son poisson hôte, puis, au bout de quelques années, on les récupère pour les remettre dans la rivière, à un endroit propice pour elles. Et là, on s'efface pour laisser le cycle naturel prendre le relais".
Les mulettes perlières commencent à se reproduire vers 10-15 ans. Celles qui ont été réintroduites voilà dix ans sont encore à l'âge adolescent, si l'on peut dire. Toutefois, certaines n'ont pas survécu à la sécheresse de l'été 2022. "On a eu beaucoup de pertes dans cette rivière, relève Pierrick Pustoch. Avec les incendies dans les Monts-d'Arrée, il y a eu pas mal de pompages d'eau qui ont mis le cours d'eau à sec pendant plusieurs jours. Résultat : des mulettes sont mortes et d'autres espèces, comme les truites, également".
"Ça bipe si elles sont là"
Pour suivre leur évolution, Bretagne Vivante a équipé chacune de ces mulettes d'un marqueur. "On vérifie que les moules sont toujours là, indique Christine Blaize. Restent-elles ou partent-elles ailleurs ? C'est la question car nous les déposons à un endroit que l'on considère comme étant le meilleur, de notre point de vue d'humain. Mais nous pouvons nous tromper. Si l'endroit où on les relâche n'est pas adapté, elles peuvent être emportées par le courant et déplacées malgré elles".
Grâce à un transpondeur, l'association environnementale parvient à localiser les moules sans forcément les voir. "Ça bipe si elles sont présentes, précise Christine Blaize. Les mulettes que l'on relâche mesurent 3 cm. Avant que l'on ait cet outil, il fallait qu'elles aient grandi de 6 cm pour pouvoir les repérer. Elles mettent 10 à 15 ans pour atteindre cette taille".
Un mollusque filtreur
Bretagne Vivante veille sur le mollusque et mène différents programmes de conservation depuis 2010. "À l’origine, les efforts étaient axés autour de trois populations situées sur l’Elez dans le Finistère, le Bonne-Chère dans le Morbihan et le ruisseau du Loc’h dans les Côtes-d’Armor. Ils s'étendent depuis aux autres cours d’eau où l’espèce est encore présente" remarque l'association.
La mulette perlière se nourrit en filtrant la matière organique transportée par les cours d'eau. "Une seule moule peut filtrer jusqu'à 50 litres par jour, détaille Bretagne Vivante. Sa présence participe au maintien de la qualité de l'eau". Cette moule, d'une nature plutôt sédentaire, peut vivre plus de 100 ans.