Mike Horn est de passage aux Fêtes maritimes de Brest. L'aventurier est venu pour témoigner de l'état de la planète. En 20 ans, au fil de ses dernières expéditions, il a vu la situation fortement se dégrader. Ses repères sont bouleversés, les archives de ses prédécesseurs sont caduques, et ses explorations sont de plus en plus difficiles. Il raconte.
Tape dans le dos, poignée de main ferme et sourire avenant, la rencontre avec Mike Horn est sympathique et énergique. Adélaïde Castier lui a donné rendez-vous pour un entretien en tête à tête sur le petit bateau Littoral, amarré quai Malbert à l'occasion des Fêtes maritimes de Brest.
Témoigner de l'urgence climatique
L'aventurier fait partie des invités d'honneur de cette édition 2024. Lui, veut profiter de l'événement pour témoigner de l'état de la planète. À l'occasion de ses multiples expéditions, il a vu très concrètement les bouleversements climatiques.
Retrouvez l'intégralité de l'entretien avec Mike Horn :
Quand grizzlis et ours blancs s'entretuent
Tout a commencé il y a une vingtaine d'années, lorsqu'il a vu un grizzli dévorer un ours blanc quelque part entre le Canada et l'Alaska. Normalement, ces deux espèces n'ont pas vocation à se rencontrer. "Les grizzlis ne sont pas censés dépasser le cercle polaire. Il y avait quelque chose qui n'allait pas, ce n’était pas logique".
Il y avait quelque chose qui n'allait pas, ce n'était pas logique.
Mike Hornaventurier
Mais avec la fonte de la banquise, ours bruns et ours blancs se sont rapprochés. Et pour Mike Horn "ça, c'était une indication sûre que notre planète était en train de changer".
"Les repères ne sont plus là"
Et depuis, il n'a cessé de le constater. À tel point, qu'il est devenu difficile pour lui de préparer ses expéditions. "Les repères ne sont plus là. On ne sait plus comment adapter nos expéditions à un climat qui était stable et qui ne l'est plus". "Normalement, quand on va au pôle Nord l'hiver, on sait que la température sera de -40°C, que le vent d'Est sera fort et qu'il fera dériver la banquise d'Est en Ouest."
Sauf qu'en 2019, les choses ne se sont pas passées exactement comme il le pensait. "On a marché 11 jours sur la glace qui dérivait en arrière et on n'a pas fait un mètre. La glace qui est posée sur l'eau a dérivé dans l'autre sens que ce qui arrive normalement. On a perdu 11 jours de nourriture en marchant 14 heures par jour et en restant sur place. Ça aurait pu me coûter ma vie."
Mike Horn explique que, tout un coup, il a eu le sentiment "qu'on ne pouvait plus calculer ou prévoir ce qu'il se passait sur l'océan Arctique, ou à 8.000 mètres dans l'Himalaya, ou au fin fond de la jungle amazonienne".
À lire aussi : ENTRETIEN. "Ce n'est pas une imposture, il y a un paquet de vraies merveilles", l'amour d'Olivier de Kersauson pour les Fêtes maritimes de Brest
Arrêter nos émissions de carbone
Aujourd'hui, il veut mettre son expérience au profit de la lutte contre le réchauffement climatique : "Comment faire pour arrêter nos émissions de carbone" explique-t-il, "l'année dernière au Groenland il y a 9 milliards de tonnes de glace qui ont fondu à cause de l'impact humain".
Mike Horn aimerait que ses expéditions soient mises à profit pour développer une technologie propre de façon industrielle : "il faut réfléchir à comment on peut faire voler des avions à hydrogène ou rouler des trains à hydrogène. Je travaille sur un projet de pile à combustible".
Et l'aventurier de conclure : "on doit faire en sorte que la planète dure bien longtemps après nous, pour que les générations suivantes puissent profiter, comme on a profité".
Retrouvez toutes les "rencontres de Littoral" enregistrées pendant les fêtes maritimes de Brest dans notre playlist Youtube.