Depuis trois ans, Sizun,dans le Finistère, n'a plus de kinésithérapeute, alors que les demandes de soins augmentent. Une maison de santé pluridisciplinaire a ouvert ses portes en 2019. Tout est prêt pour y accueillir un voire deux kinés. Seulement voilà, les jeunes préfèrent s'installer ailleurs.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Sans kinésithérapeute depuis trois ans, Sizun se donne pourtant les moyens pour dénicher l'oiseau rare. Cette commune du Finistère, située dans les Monts d'Arrée, dispose d'une maison de santé, "avec un chouette plateau technique" souligne Benjamin Franckaert, jeune médecin généraliste qui exerce sur place.

Des locaux flambant neufs, "une équipe pluridisciplinaire motivée" qui rassemble trois médecins généralistes, une ostéopathe, deux ergothérapeutes, une sage-femme, des infirmiers et bientôt un dentiste... Manque à l'appel : un voire deux masseurs-kinésithérapeutes, alors que les besoins pour ce type de soins sont importants ici. 

"Les jeunes kinés partent se mettre au soleil"

Trouver un rendez-vous chez un kinésithérapeute dans les environs relève de l'exploit. "Certains vont renoncer aux soins" constate, amer, le docteur Franckaert. Pour les personnes dépendantes à domicile, l'affaire se complique. A l'Ehpad du Val-d'Elorn, situé à deux pas de la maison de santé, "il n'y a plus de kiné pour gérer la rééducation, la marche sportive, la kiné respiratoire, précise encore le médecin généraliste. C'est l'ergothérapeute et le coach sportif qui asument ces soins"


Ce n'est pas parce que l'on est dans le Centre-Bretagne que l'on est dans un désert

Patrick Thévenet, pdt du Conseil de l'ordre des masseurs-kinésithérapeutes du Finistère


Les kinés fraîchement sortis de l'Institut de formation de Brest (ou Rennes) ne chosisissent pas Sizun comme première destination. "On constate que beaucoup partent se mettre au soleil" relève Patrick Thévenet.

Le président du Conseil de l'ordre des masseurs-kinésithérapeutes du Finistère alerte aussi sur la pyramide des âges : au vieillissement de la population qui induit une demande de soins en augmentation s'ajoute celui d'une profession. "Il y a 1.400 kinés dans le département, souligne-t-il. Beaucoup ont débuté leur activité dans les années 70-80 et maintenant, ils partent à la retraite".

Sizun, "commune sous-dotée"

Alors, comment attirer les jeunes en zone rurale et, surtout, garder ceux et celles qui sont formés dans les deux écoles bretonnes ? L'équation est complexe. D'autant que si l'on regarde d'un peu plus près où s'installent ces professionnels, on constate que les zones côtières et les villes se taillent la part belle. "C'est un fait, affirme Patrick Thévenet. Alors que, dans les campagnes, comme ici à Sizun, il y a une vie associative, un accès à la culture. Ce n'est pas parce que l'on est dans le Centre-Bretagne que l'on est dans un désert" ajoute-t-il.

Des aides à l'installation sont aussi proposées. A condition d'être au bon endroit sur la cartographie sanitaire éditée par l'Agence régionale de santé Bretagne (ARS). Sizun se trouve à un carrefour de plusieurs bassins de vie : Landivisiau, Landerneau, Huelgoat et Morlaix. "L'ARS classe Landivisiau en zone intermédiaire, explique Benjamin Franckaert, ce veut dire qu'il n'y a pas d'aide financière concrète. Et malheureusement, Sizun appartient au bassin de vie de Landivisiau".

Le médecin généraliste déplore que ces bassins de vie, très étendus, "ne tiennent pas compte de la réalité de terrain à l'échelle d'une commune. Sizun est une commune sous-dotée par rapport à la moyenne du département".

Malgré les annonces postées en ligne, la création d'une maison de santé il y a un an ou encore les aides que la commune est prête à proposer, Sizun attend toujours que des kinésithérapeutes viennent poser leurs valises au pied des Monts d'Arrée, dans ce parc naturel régional d'Armorique où il fait bon vivre. 

 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité