Les échouages de dauphins sont récurrents mais celui-là prend évidemment un relief particulier. Au premier jour d'une interdiction de la pêche dans le Golfe de Gascogne, qui colle à quai près de 500 bateaux, l'ONG Sea Shepherd poste une nouvelle photo de cétacé retrouvé mort sur une plage du Finistère. Et dénonce le déni du monde de la pêche.
Alors que l'interdiction de pêche dans le Golfe de Gascogne vient d'entrer en vigueur pour un mois afin de protéger les cétacés, l'ONG Sea Shepherd poste sur les réseaux sociaux la photo d’un dauphin échoué sur une plage du Finistère.
"C'est une sympathisante qui nous a envoyé la photo par mail, explique Lamya Essemlali, présidente de l’organisation. Les gens font comme cela régulièrement des signalements. Elle a trouvé le cétacé en se promenant sur une plage de Plouarzel. Vu l’état de fraîcheur du cadavre, la mort est très récente. Hier ou la nuit dernière peut-être."
Dauphin retrouvé aujourd’hui sur une plage au large de Plouarzel (Finistère), par l'une de nos sympathisantes en ce premier jour du mois de fermeture de la pêche pour plusieurs centaines de bateaux impliqués dans les captures de dauphins. Au regard de l’état du cadavre la mort… pic.twitter.com/Zz8VgPUK2u
— Sea Shepherd France (@SeaShepherdFran) January 22, 2024
22 janvier, premier jour sans pêche dans le Golfe de Gascogne
Le post de l'ONG devrait évidemment susciter de nombreuses réactions tant la filière pêche est secouée par la fermeture pour un mois du Golfe de Gascogne.
Depuis ce lundi 22 janvier, ce sont près de 500 bateaux français qui doivent rester à quai entre le Pays basque et la Pointe de la Bretagne. Le monde de la pêche, comme celui du mareyage, fait part de ses fortes inquiétudes pour l'avenir.
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Selon l'ONG, "un mur de déni"
"C'est vrai que c'est une journée particulière, souligne Lamya Essemlali. "Mais si on en est là aujourd’hui, c’est qu’il y a un vrai mur de déni du secteur de la pêche et principalement du Comité national des pêches qui ne fait que nier le problème depuis des années, qui empêche toute communication avec les ONG et les scientifiques sur la question".
"Depuis 2018, ajoute la présidente de Sea Shepherd France, on alerte sur le sujet. Et on demande à se mettre autour d’une table pour trouver des solutions pérennes. À force de ne pas vouloir discuter et nier le problème, on en arrive à des mesures comme celle-ci, radicale, mais qui aurait pu être évitée."
Si le problème avait été pris à bras-le-corps il y a des années, on aurait pu avec des mesures beaucoup moins drastiques avoir de meilleurs résultats
Lamya EssemlaliPrésidente de Sea Shepherd France
"On a 95% des pêcheurs qui ne déclarent même pas les captures, poursuit la présidente de Sea Sheperd. Alors qu’il y a une obligation réglementaire de déclaration, et sachant qu’il n’y a même pas d’amende en cas de capture.
"Les déclarations, cela peut permettre de mieux comprendre comment ils sont capturés, à quel endroit, etc. Et de mettre en place les mesures les plus ciblées et les plus justes possibles. À force de ne pas jouer le jeu, les captures ne font qu’augmenter d’années en années. Et comme la France a des obligations en matière d’espèces protégées, on en arrive à ce genre de situations."
"On sait que sur l'année, cette interruption d’un mois n’aura pas d’effet significatif. C’est trop court disent les scientifiques. Alors que si le problème avait été pris à bras-le-corps il y a des années, on aurait pu avec des mesures beaucoup mois drastiques avoir de meilleurs résultats. Le Comité national des pêches a joué contre les pêcheurs en diabolisant les ONG et les scientifiques".