Après l'avis du Conseil constitutionnel qui a jugé l’enseignement immersif contraire à la Constitution et un rapport de l'Education nationale qui écrit que les écoles Diwan sont en opposition avec la loi, le Premier ministre a voulu rassurer. Le gouvernement n’est pas hostile aux langues régionales.
"L’enseignement par immersion est nécessaire pour les langues régionales". Il fallait sans doute ses mots dans la bouche de Jean Castex pour rassurer les écoles en immersion. Ce 15 septembre, toutes étaient rassemblées pour faire le point après les couacs et les difficultés du printemps et de l’été.
La réunion a duré près de trois heures. Elle a rassemblé le Premier ministre, le ministre de l’Education nationale, les différentes écoles en immersion et les offices publics des langues régionales.
Le rapport qui a fâché
Cet été, un rapport interne de l'Education nationale, mené par les inspecteurs généraux Yves Bernabé et Sonia Dubourg-Lavroff dans les écoles Diwan en 2019, a été rendu public. On y lit notamment : "Le réseau Diwan se trouve dans une situation paradoxale, il remplit des missions de service d’éducation, mais il est juridiquement en position contraire à la loi. La langue française n’y est enseignée qu’à partir du CE1, tous les apprentissages se réalisent en breton, sauf pour ce qui concerne les langues vivantes."
"C’est quand même un comble, s’étrangle Yann Uguen, le président de Diwan. Le rapport souligne que notre méthode est efficace, que nos résultats sont excellents, mais qu’il faut arrêter."
Incompréhension des conclusions du rapport de l'administration centrale de l'Education Nationale sur le réseau @Diwan
— Erwan Balanant (@erwanbalanant) September 15, 2021
Mon Communiqué de presse :
Pourquoi remettre en cause des méthodes qui gagnent ? ⤵️ pic.twitter.com/zitydxwdyP
Un geste du gouvernement
"Après le vote de la loi Molac, qui souhaitait justement sécuriser les écoles en immersion, il faut que les choses changent, poursuit le président de Diwan, qu’on enlève ces menaces qui pèsent sur nos têtes."
Jean Castex a annoncé la création d’un organisme de concertation permanent sur les langues régionales. Organisme sous son égide, pour discuter de manière plus régulière et peut être plus apaisée qu’avec le ministre de l’Education nationale. "Une circulaire va être émise pour organiser l’enseignement par immersion," promet le Premier Ministre.
Nous n’accepterons aucun compromis sur la méthode par immersion telle que pratiquée depuis plus de 40 ans à Diwan
Au printemps, le Conseil constitutionnel avait martelé que le Français était la langue de la République. Le rapport Bernabé- Dubourg-Lavroff écrit :" l’immersion totale n’est pas autorisée par la loi aujourd’hui "et suggère que "le nombre d’heures assurées en breton ne devrait à terme pas dépasser 12 h par semaine."
"Nous serons très très attentifs à ce qui sera dans cette circulaire prévient Yann Uguen, il ne saurait pas être question de ces 12 h. C’est un point d’achoppement. Nous n’accepterons aucun compromis sur la méthode par immersion telle que pratiquée depuis plus de 40 ans à Diwan. On n’a pas besoin d’une exigence constitutionnelle pour que nos élèves aient une bonne maîtrise du Français" s’indigne-t-il.
Révision constitutionnelle indispensable ?
"Le débat va revenir sur une révision constitutionnelle, prévient le président de Diwan. Il est nécessaire de sécuriser l’immersion. La République a le devoir de reconnaître pleinement les langues de ses régions, leur usage et les méthodes efficaces de transmission pour les préserver."
"Si le Conseil constitutionnel estime que l’article 2 de la Constitution interdit l’immersion, il faut modifier la Constitution" affirment les défenseurs de cette pédagogie.
Des actions prévues
"On nous annonce une circulaire, mais on ne sera sereins que quand on l’aura vue "prévient Yann Uguen.
Le 20 septembre, les parents sont invités à venir dans les écoles du réseau. "C’est important qu’ils sachent comment marche l’immersion, comment cela permet aux enfants d’apprendre."
Les 21 un rassemblement est prévu à l'initiative de l’ intersyndicale des travailleurs et travailleuses de la langue bretonne. Le lendemain, militants, parents et salariés du réseau sont invités à rejoindre la manifestation de Carhaix devant le château de Kerampuilh à 16 h.