A Kersaint-Plabennec à 15 kilomètres de Brest, le médecin installé depuis 31 ans part à la retraite le 4 janvier prochain, mais n’a pas encore trouvé de successeur. Comme dans de nombreuses communes, la mairie peine à inciter de jeunes docteurs à venir s’installer.
À Kersaint-Plabennec, commune de 1500 habitants, le docteur Derrien est bien connu. Il exerce ici depuis 1989 et s’occupe de 1000 patients. Début janvier 2020 il partira à la retraite, et pour l’instant, il ne sera pas remplacé. "Je suis inquiet de laisser mes patients seuls. Surtout quand on sait que les médecins des communes autours ne prennent plus de nouveaux patients. Je ne sais pas comment ils vont faire." L’une de ses patientes qu’il reçoit ce matin partage son inquiétude. "Pour moi ça va puisque je ne consulte pas souvent, mais les personnes âgées et les parents d’enfants en bas âges, où vont-ils aller se faire soigner ?"
Prêts à tout pour un nouveau médecin
Cela fait trois ans que le docteur Derrien cherche un successeur, mais rien. Il a pourtant tout essayé. "J’ai passé des annonces au niveau régional, national, j’ai contacté l’ARS (Agence régionale de santé, ndlr), appelé les maires des communes voisines. Nous avons même installé un panneau sur la voie express à proximité de Kersaint-Plabennec."
Les élus locaux ont alors eu une idée originale : tourner une vidéo pour attirer l’attention de jeunes médecins, et les inciter à venir s’installer. Un clip tourné de manière humoristique, mettant en scène le docteur et des figurants. "On espère que la vidéo fera le buzz sur les réseaux sociaux."
Une problématique qui ne touche pas uniquement Kersaint-Plabennec, mais également les communes environnantes. "Le problème aujourd’hui, c’est que les jeunes ne veulent plus s’installer seuls dans des communes comme les nôtres, regrette le maire Jean-Yves Roquinarc’h. La solution réside peut-être dans la création d’une maison de santé commune à plusieurs villes, qui rassemblerait différents spécialistes."
La mairie de Kersaint-Plabennec a déjà investi il y a un an dans un cabinet neuf pouvant accueillir un médecin à temps plein, ou deux à temps partiel. Le Finistère n’est pourtant pas le plus à plaindre en matière de déserts médicaux : dans le département, les généralistes sont 26% à refuser de devenir médecin traitant pour de nouveaux patients, contre 44% au niveau national, selon une enquête de l’association UFC que choisir, datant de novembre dernier.
Pour rappel, avoir un médecin traitant est essentiel pour éviter des pénalités ou réductions de remboursement par l’Assurance maladie.