Samedi à Douarnenez dans le Finisère, Gérard Gartner a détruit à la tronçonneuse ses dernières sculptures. Un peu plus tôt, il en avait porté une grande partie dans une usine de recyclage. Une façon pour lui de commémorer les 50 ans de la mort de Giacommetti et le mouvement Dada.
Voici le type de questions que pouvaient se poser samedi soir à Douarnenez (29) les 400 personnes venus assister au sacrifice artistique voulu par Gérard Gartner. A 81 ans, l'artiste a décidé de détruire la totalité de son travail, un acte irréversible, extrême, mais mûrement réfléchi : "Je le justifie par des considérations métaphysiques et philosophiques"."Comment un artiste peut-il sacrifier ses oeuvres à la masse et à la tronçonneuse ? Et pourquoi donc ?"
"Tout est en mouvement et j'anticipe sur le futur. Tout, un jour, disparaîtra." ajoute-t-il.
Le choix de Douarnenez
Gérard Gartner n'a pas choisi Douarnenez par hasard. Il y est venu à deux reprises, invité au festival de cinéma sur les tsiganes et les roms en 1983 et 2013. C'est d'ailleurs lors de sa dernière venue qu'il avait annoncé la destruction de son travail. Il a choisi la date par rapport au cinquantenaire de la mort de Giacometti, dont il fut un proche, et au centenaire du mouvement dada.Gérard Gartner a exposé dans le monde entier mais a toujours refusé de vendre. Plus que l'objet, c'est le processus de création qui prime.
A la tronçonneuse
Après avoir fait broyer en usine quelque 200 sculptures lundi dernier, l'artiste s'est attaqué lui même à l'aide d'une tronçonneuse et d'une masse à ses dernières oeuvres, réalisées à partir de matière plastique récupérée dans les décharges.
Douarnenez (29), samedi 16/01/2015 - Gérard Gartner, sculpteur - Eric Prémel, co-organisateur de l'événement
/ Reportage : C. Louet - S. Souiller