Remarqué et primé dès son premier roman il y a sept ans, le jeune écrivain Pierre Adrian se replonge dans son dernier opus "Que reviennent ceux qui sont loin" (Gallimard) dans les souvenirs de ses étés bretons dans la maison de famille dans le pays des Abers. Une pépite de nostalgie heureuse, hommage à l'enfance et à la transmission entre les générations.
C'est dans la maison de famille de ses parents à Landéda (29) que Pierre Adrian nous reçoit quelques jours après la parution de son quatrième roman. Mais c'est une autre maison de famille, à quelques kilomètres de là qui l'a inspiré...La maison de sa grand-mère, avec son grand portail blanc dont l'ouverture symbolisait tellement le début des vacances et de la liberté.
Le narrateur y revient après des années d’absence, jeune adulte, au mois d’août comme lorsqu’il était enfant et c’est une révélation…. quelle part de vous avez-vous instillé dans cette histoire, dans ce retour aux sources ?
Il y a toujours une grande part de soi dans les livres qu'on écrit et dans celui-là en effet, il y a une prise de conscience qui date d'il y a quelques années, un été ou après m'être éloigné longtemps de la maison de famille où on passe tous les étés depuis que je suis petit au mois d'août en Bretagne.
Je suis revenu et j'ai un peu renoué avec ces lieux de l'enfance et ces visages aussi qui évidemment avec le temps avaient commencé à vieillir et ces nouveaux enfants qui avaient grandi.
Il y a la prise de conscience du temps qui passe et que certains lieux nous touchent plus que d'autres, notamment ceux dans lesquels on a nos plus beaux souvenirs concernant l'enfance.
Dans ce livre, cette maison devient un vrai personnage… avec ses respirations, ses étirements quand enfin tous les occupants se sont rués vers la plage, ou c’est même une baleine en référence à Jonas… Ce personnage est important?
La grande maison est l'épicentre des étés bretons puisque c'est une sorte de maison qui vit dans les courants d'air où les enfants passent en jouant, où les oncles et les tantes étendent le linge, font la cuisine.
Il y a toujours une porte qui est ouverte, quelqu'un qui est de passage. Cette maison-là, elle craque, elle a ses odeurs et en même temps, elle n'a jamais bougé depuis des générations et des générations. Il y a toujours la vaisselle de Quimper, les mêmes vieux livres de poche qui prennent la poussière. Il y a le fauteuil du grand-père, le secrétaire de la petite grand-mère.
Les enfants grandissent, les parents vieillissent, tout le monde bouge, tout le monde change et la maison est là, elle reste là. Il y a une sorte de fixité qu'elle oppose au mouvement du monde.
C’est un flash back sur ces mois d’aout en famille dans cette maison de vacances…avec les après midis à la plage, la liberté, l’ennui des jours de pluie. « On ne se rend compte de la beauté de l’été qu’en grandissant », diriez-vous que c’est un livre nostalgique ?
Sans doute nostalgique, même si je crois que tout n'est pas triste dans la nostalgie. C'est un livre qui parle du passé, qui parle de tout ce qui ne reviendra plus, qui parle de l'enfance.
Mais il est nostalgique parce que c'est un livre aussi heureux. C'est l'histoire d'une famille qui s'aime, ce sont des souvenirs d'une enfance heureuse. Et c'est assez rare pour être écrit dans le sens ou le sujet de la famille est un sujet mille fois abordé en littérature, et souvent hélas la famille est décriée, critiquée, mais moi j'ai eu la chance d'avoir une enfance heureuse, une famille où l'on s'aime.
C'est d'abord un grand roman d'amour, celui d'une famille où chaque été on rejoue le spectacle de la vie, de l'enfance à l'extrême vieillesse dans beaucoup d'amour.
On a toujours connu le bonheur en Bretagne, le seul chagrin c’est devoir en partir.
Pierre Adrian"Que reviennent ceux qui sont loin" (Gallimard)
Et puis il y a un drame qui se noue… Vous en aviez laissé quelques indices au fil des pages « Le malheur nous guettait nous n’en savions rien ». Ce livre est aussi un hommage ?
C'est un hommage à l'enfance et puis en l'occurrence à un enfant de la famille puisque ce livre a une part autobiographique.
Je crois qu'aussi le mois d'août a quelque chose d'assez grave, le mois d'août et le mois qui ressemble le plus à la vie car on commence avec la lumière de l'été on finit déjà dans l'automne, la lumière change, il y a un grand basculement après le 15 août.
L'été, il s'est toujours passé pour moi des choses à la fois belles mais très graves, très dures, notamment à la fin du mois. C'est ce que je raconte dans ce livre.
Le livre fétiche de Pierre Adrian
"L'inconnu me dévore" de Xavier Grall (réédité en 2018 aux éditions des équateurs avec une préface de Pierre Adrian)
"C'est un livre que je conseille vraiment à tout le monde où Xavier Grall laisse un peu un testament à ses filles qu'il appelle ses divines et c'est "une lettre à mes filles" sur la beauté du monde qui est vraiment un cantique à faire lire, car on oublie souvent que ce monde qui nous entoure est beau."
Le tiroir des jeunes lecteurs
"Comment devenir un élève modèle! ", Audrey Poussier (L'Ecole des Loisirs)
Commençons par ce premier livre de la vannetaise Audrey Poussier où vous apprendrez comment devenir un élève modèle! Colette et Mo ont identifié 7 règles immuables, comme par exemple être ponctuels, être attentifs, ou faire ses devoirs… règles qu’ils appliquent disons à leur façon! C’est très drôle, attention cela pourrait donner des idées aux jeunes écoliers !
"Un renard dans mon école", Lola et Olivier Dupin (L'école des loisirs)
"Mon nom à moi, c'est Billy", Loïc Clément et Clément Lefevre (Little Urban)
L’école peut être malheureusement aussi un univers un peu cruel. Et deux jolis albums se penchent avec délicatesse sur la question du harcèlement. A l’école des loisirs, Lola et Olivier Dupin ont compté sur les illustrations toutes en douceur du morbihanais Ronan Badel pour représenter « Un renard dans mon école »… Un renard qui se moque, un renard qui abime les cartables des autres pour le plaisir, et qui faute de résistance se transforme en loup et même en tigre… Jusqu’à ce qu’un enfant parle et raconte….pour que la spirale infernale cesse….
Chez Billy, ce kid du far west imaginé par l’auteur de la Guerche de bretagne Loïc Clément, c’est un peu différent. Dans son école aussi, il y a un gros dur qui terrorise et rackette les copains… Pour s’en débarrasser, Billy plutôt que ses biscottos utilise son « ciboulaud » comme il dit… Et ça fonctionne ! Très jolis dessins de Clément Lefevre, publié chez Little Urban.
Le tiroir du libraire
Gilles Perrotin de la librairie Le Marque-Page à Quintin (22) partage avec nous un de ses coups de coeur: "Ultramarins" de Mariette Navarro (Quidam éditeurs)
"C'est un premier roman. Un roman maritime qui met en scène une femme capitaine d'un cargo, son équipage et le bateau en lui-même. Lorsqu'au milieu de l'Atlantique, l'équipage décide de vouloir se baigner commence une intrigue à la fois très réaliste, magique et surtout très addictive. Un roman que je conseille pour ceux qui veulent aller au delà des mers."
4ème de couverture
Dans "Nages libres" (Equateurs), le finistérien de coeur Lucas Menget, rédacteur en chef de France Info, évoque sa passion pour un plaisir typiquement estival…qu’il prolonge toute l’année !
Le tiroir des rendez vous
Notre partenaire "Livre et lecture en Bretagne" nous conseille 3 évènements dédiés à la BD ce mois-ci.
- Le premier ce week-end à Locmariaquer dans le Morbihan, 4ème édition de Lok'enbulles, avec des ateliers, des conférences, des dédicaces.
- Le second, dimanche 25 septembre à Bédée en Ille et Vilaine. « Pré en bulles » recevra par exemple Laetitia Rouxel, Emmanuel Lepage, Loic Schwartz.
- Et enfin, Quai des Bulles, les 7,8 et 9 octobre à Saint Malo, 41ème édition de ce rendez-vous incontournable qui vous propose de rencontre plus de 700 auteurs. 40 000 visiteurs sont attendus.