Le tribunal correctionnel de Brest a condamné un couple d'éleveurs à 20 000 euros d'amende pour mauvais traitements, notamment pour avoir sectionné systématiquement les queues des cochons. La caudectomie est massivement pratiquée en élevages industriels, mais la réglementation l'interdit, sauf dans des circonstances particulières.
À l'origine de la plainte, l'association L214 avait repéré sur Facebook une vidéo postée en décembre 2021 sur le compte de communicants promouvant le maïs comme aliment du bétail. La vidéo sollicitait un éleveur du Finistère, installé entre Brest et Morlaix, pour convaincre de l'intérêt du maïs pour nourrir les 5500 porcs qu'il engraisse chaque année.
Couper les queues pour éviter des blessures propices aux infections
Pour illustrer le propos, des images de petits cochons roses, et d'autres, plus grands, à qui il manque une partie de la queue. Sous l'effet d'un stress ou d'un manque, les animaux d'élevage peuvent avoir tendance à se mordre mutuellement, occasionnant des blessures qui peuvent s'infecter. Les éleveurs sont ainsi tentés de couper les queues de leurs bêtes, ou de limer leurs dents, pour prévenir ces dommages.
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Caudophagie
Sur la base des images vidéo montrées sur Facebook, l'association L214 a alerté le parquet de Brest qui a ouvert une enquête. En effet, sectionner des morceaux de queues est interdit depuis l'arrêté du 16 janvier 2003, sauf s'il "existe des preuves que des blessures causées [...] aux queues d'autres porcs ont eu lieu". Et la réglementation de préciser : "Avant d'exécuter ces [coupes], d'autres mesures doivent être prises afin de prévenir la caudophagie [ morsure de la queue] ... Les systèmes de conduite des élevages doivent être modifiés s'ils ne sont pas appropriés."
Modifier les conditions d'élevage pour diminuer le stress de l'animal, avant d'envisager de lui sectionner une partie du corps, c'est ce qu'impose la réglementation française depuis 20 ans, en application d'une directive européenne adoptée 10 ans auparavant, en 1994.
Conditions de vie de l'animal
Dans le cas de l'élevage du Nord Finistère, le tribunal de Brest a estimé que les mesures pour prévenir le cannibalisme, telles que l'agrandissement des box des cochons, l'installation d'objets à mâchouiller, l'amélioration de l'éclairage, n'avaient pas été expérimentées. Il a constaté par ailleurs que certaines parties de l'élevage ne disposaient pas de système d'eau pour s'abreuver à volonté, ce qui concourt à constituer l'infraction de "mauvais traitement d'un animal placé sous sa garde". Il a donc condamné l'élevage, dans son jugement du 30 juin 2023, à 20 000 euros d'amende et les gérants à 1 500 euros d'amende. Ces derniers se réservent le droit de faire appel de cette condamnation.