Nouvelle vidéo choc tournée dans un élevage porcin du Finistère : L214 veut peser dans la campagne des municipales

L'association L214 publie une vidéo sur une enquête réalisée dans un élevage de porcs du Finistère. Avec Yann Arthus-Bertrand, elle dénonce les conditions de vie des animaux. À l'approche des municipales, elle exhorte les maires à supprimer la viande issue des élevages intensifs dans les cantines. 


C'est une photographe amateur qui a envoyé les photos à l'association L214, prises de l'extérieur d'un élevage de porcs dans le Finistère, montrant notamment la présence de cadavres de cochons.

À la suite de ce signalement, L214 a décidé d'enquêter en septembre. "On s'est débrouillé pour avoir des images de l'intérieur, avec des personnes qui tiennent à garder leur anonymat" précise Sébastien Arsac, directeur des enquêtes. L'association publie donc une nouvelle vidéo, commentée par Yann-Arthus Bertrand qui y dénonce les conditions d'élevages. L'hygiène "déplorable" et l'utilisation de nombreux antibiotiques ainsi que des hormones de croissance ont été constatés pendant cette enquête. "Sur les images, nous avons pu relever pas moins de 8 infractions routinières", souligne L214, comme l'absence de soins aux animaux blessés ou le non stockage des produits vétérinaires. 

La ferme concernée est rattachée au groupe Triskalia, fournisseur de référence des abattoirs Bigard-Socopa. Elle possède l’autorisation de détenir 800 truies reproductrices et d’engraisser plusieurs milliers de cochons. Elle correspond au modèle de 95 % des élevages de ce genre en France.


Triskalia répond 


Au regard des premiers éléments, le groupe a tenu à réagir. "Nous dénonçons le mode opératoire de l'association L214 et rappelons que cette association vient d'être condamnée par la justice pour complicité d'atteinte de la vie privée. Nous comprenons toutefois que certaines images puissent choquer. Les animaux blessés auraient clairement dû être séparés des autres dès les premiers signes et soignés dans l'infirmerie prévue à cet effet. Quant aux médicaments évoqués, ils auraient dû être stockés dans une armoire à pharmacie." 


"Le cumul de ces événements dans un même élevage est exceptionnel et ne reflète en rien la réalité des élevages au quotidien. Néanmoins, nous allons procéder à toutes les vérifications nécessaires concernant cet élevage et prendrons si besoin les mesures qui s’imposent. Plus globalement, nous renforcerons encore nos contrôles et vérifierons que les règles de bonne gestion sanitaire sont bien appliquées dans l’ensemble des élevages adhérents au groupement. Nous tenons à rappeler l'importance qu’accorde Triskalia au respect des règles de bien-être animal. La coopérative est particulièrement impliquée dans l’amélioration de la bien-traitance animale et accompagne ses producteurs dans cette démarche par la formation des éleveurs et des audits d'élevages."


"Il n'y a plus de respect de la vie animale"


"Je dénonce depuis longtemps l'agriculture intensive et la souffrance animale", indique Yann Arthus-Bertrand joint par téléphone et qui a répond à la sollicitation de L214 dont il suit le travail depuis longtemps.

"Ce n'est que du bon sens". "Je suis persuadé que les agriculteurs eux-mêmes devraient se saisir de ce genre de vidéos et dire 'on arrête'. Cette vidéo n'est pas contre eux". Il estime qu'aujourd'hui il est plus compliqué de rentrer dans un élevage que dans un sous-marin nucléaire. 

Ce qui est violent, ce ne sont pas les images, c'est la façon dont les animaux sont traités. Ce ne sont pas des images qu'on a mis en scène (Yann Arthus-Bertrand)


Les maires interpellés, invités à ne plus servir de viande issue des élevages intensifs dans les cantines


La fin de la vidéo prend une tournure politique. "Une tournure humaniste" préfère dire Yann Arthus-Bertrand. "Plusieurs centaines de millions de repas sont servis chaque année dans les cantines et les écoles, l'approvisionnement de ces cantines dépendent des communes, des villes. Or dans quelques mois, nous allons tous voter pour les élections municipales. Alors demandons aux candidats et aux futurs maires de s'engager à ne plus servir aux enfants de la viande et d'autres produits issus de l'élevage intensif. Demandez leur aussi d'augmenter la fréquence des repas sans viande, ni poisson car lutter contre l'élevage intensif, c'est aussi diminuer le nombre d'animaux élevés et envoyés à l'abattoir." 

L'association confirme que les échéances politiques à venir représentent un enjeu. Différentes actions vont être organisées comme samedi 23 novembre dans 16 villes de France, dont Quimper. Des urnes seront installées avec des bulletins de vote pour inciter les citoyens à aller voir leurs candidats aux municipales, pour qu'ils s'engagent. "Des propositions de mesures vont être faites aux élus, applicables de par leur mandat" explique Sébastien Arsac. Pour Yann Athus-Bertrand, le courage doit être politique : "Il faut être prêt à payer la viande plus cher."

L'émotion doit mener à quelque chose d'intelligent

Selon l'association, ce genre de publication reste nécessaire, pour faire bouger les lignes, de manière collective. Sébastien Arsac cite l'exemple de l'entreprise Hénaff qui s'est engagée d'ici à 2030 à placer le développement durable au coeur de sa stratégie et à tripler la part de bio dans sa production.


À la suite de cette nouvelle enquête dans le Finistère, L214 indique qu'une plainte a été déposée pour mauvais traitement et sévices graves sur animaux, auprès du procureur de la République de Brest.

L'association en a déposé entre 5 et 10 cette année. Certaines ont été suivies d'effets. Celle contre l'élevage porcin de Trégonguen avait notamment entraîné une condamnation. 


 

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