Ouessant : deux nouveaux élevages s'installent, de nouvelles aventures pour Charlène, Thomas et Marie

Ouessant a lancé plusieurs appels à candidatures pour inciter des éleveurs ou des exploitants à s'installer sur l'île. Un couple d'éleveurs de la Drôme s'apprête à expérimenter l'insularité tandis que Charlène, originaire du coin, se lance aussi dans l'élevage. 

Début 2019, l'île de Ouessant lance un appel à candidatures, dans l'optique de recruter un producteur de lait bio. Un appel entendu. Des projets agricoles voient le jour, portés par des insulaires ou de nouveaux arrivants. Ils s'installent, sur des terrains en friches jusque-là gérés par la mairie. 

Quand on se lance en exploitation agricole, c'est forcément un projet de vie. 

Charlène, éleveuse de brebis et moutons à Ouessant

Rester sur l'île en créant sa propre activité


Charlène, 26 ans, ne se voyait pas faire sa vie ailleurs qu'à Ouessant. "Je suis revenue m'installer il y six ans, ma famille paternelle est d'ici. C'est un endroit où je suis bien et même s'il y a des contraintes, ce n'est rien par rapport à tout ce qu'on a autour.", explique-t-elle. La jeune femme se lance dans l'élevage de brebis alors qu'elle n'est pas du tout issue de ce milieu. "J'ai toujours aimé les animaux. L'idée des moutons, je connaissais déjà car on en avait et je voulais rester dans l'histoire de l'île." 


Une partie de son troupeau est déjà arrivée en mars, l'autre le 20 novembre, après une longue traversée en bateau, à bord du Molenez. 

Charlène observe les troupeaux réunis. "Les brebis vont construire leurs groupes, leur hiérarchie." Elle a fait le choix d'une race du Pays basque : "C'est une manech à tete rousse, laitière et rustique. Au niveau climat, c'est la race idéale pour Ouessant. Cela s'est confirmé avec le premier troupeau arrivé. Il a tout vu : les chaleurs, les tempêtes, le soleil qui tape fort. Et tout va bien." 

Charlène prévoit de faire du fromage et des yaourts et là encore, pour elle, ce sera la découverte d'un nouveau métier. "Cela évite la routine."

En attendant, elle savoure : "Mon rêve se réalise un peu chaque jour. Il y a toujours quelque chose de nouveau." 

 

De la Drôme à Ouessant, tout à recréer


Thomas et Marie viennent de la Drôme. Eleveurs depuis douze ans, ils ont fait venir leurs propres vaches (20 sur leur troupeau de 180 bêtes), "le plus gros stress de ce projet" confie Marie. Thomas ajoute : "On dépendait de plein de gens pour le transport, sur la route, sur la mer. On n'était plus maîtres de tout." 

Marie souligne : "On aurait pu prendre des jersiaises sur le continent près de Brest mais on gagne cinq ans sur l'élevage, de ramener des bêtes qu'on connaît. On sait la qualité sanitaire qu'il y a dessus."

Particularité de l'île : les animaux restent à l'extérieur tout le temps. "Le climat est doux, il y a très peu de gelées. Nous on connaît déjà le vent, l'humidité un peu moins. La traite sera mobile, sur caillebotis. C'est un autre mode de fonctionnement. Nous on s'est toujours adaptés, on savait à quoi s'attendre, tout était décrit dans l'appel d'offre de la mairie. Le but c'était d'entretenir l'espace. On est contents d'être là, d'entretenir le paysage." 

Les anciens quand ils passent, ils disent qu'avant tout était cultivé à Ouessant. Et on a du mal à s'imaginer cela quand on voit toutes les ronces. 


"Laisser une ferme dans la Drôme ce n'est pas rien mais on n'a pas de regrets. La seule crainte que j'ai, c'est pour les enfants, pour mon fils aîné. C'est un changement de vie, il va falloir se refaire tout un cercle." Marie se plaît déjà à Ouessant, touchée par les rencontres avec les habitants et la vue.

Ici c'est une nouvelle histoire qu'on est en train d'écrire. Il n'y avait plus de vaches sur Ouessant

Thomas


Thomas apprend, lui, la patience : "Quand on veut quelque chose, on ne l'a pas tout de suite. On a, par exemple, mis en place les réseaux d'eau, il manque un raccord, on doit attendre. Il faut être prévoyant, pour maîtriser les choses au maximum." Il faudra aussi savoir être autonome : "Ici, on sera les seuls éleveurs de vaches laitières pour l'instant. On ne peut pas aller voir son voisin pour lui demander de l'aide."  Il sourit en parlant du vétérinaire spécialisé auquel il fera appel : "On va garder le lien avec la Drôme, par visio." 

"Que l'on soit deux structures, ça va nous permettre de nous soutenir et d'arriver à évoluer ensemble sur cet entretien, sur la vente directe de produits locaux", dit Marie, en évoquant Charlène. Cette dernière confirme : "c'est bien de se lancer à plusieurs. Eux peuvent me donner des conseils et moi je peux les aider par rapport à Ouessant. On est complémentaires." 

 

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