Elle retrouve le fond de la mer. Ce mardi l'hydrolienne D10 est immergée, au large de Ouessant par l'entreprise Sabella. L'engin, qui doit produire de l'électricité pour l'île grâce au courant marin, avait déjà fonctionné de 2015 à 2016, avant de repartir dans les ateliers pour amélioration.
L'immersion de D10 a été menée ce mardi matin, entre 7h30 et 9h30, au large de Ouessant dans le passage du Fromveur. Il a fallu attendre une fenêtre favorable, avec des conditions météorologiques convenables et une période de marée de morte-eau, avec de petits coefficients de marée. C'est un retour, pour l'hydrolienne D10, puisqu'elle avait déjà été immergée, et avait fonctionné une année, entre juin 2015 et juillet 2016. Posée sur le fond marin à 55 mètres de profondeur, D10 était ainsi devenue la première hydrolienne à injecter de l'électricité dans le réseau français à partir de novembre 2015.
Début d’immersion; franchissement de surface et remplissage des bulbes pic.twitter.com/Z9c5B4KIwn
— Sabella (@SabellaTidal) October 16, 2018
Deux années à terre pour des améliorations
Cet engin de 400 tonnes, de 10 mètres de diamètre pour le rotor et d’une puissance de 1 MW, est un projet « Démonstrateur d’énergies marines ». Il doit produire de l'électricité grâce au courant marin du Fromveur, et permet de couvrir 15 % des besoins de l'île de Ouessant en électricité. Depuis qu'elle est sortie de l'eau, et le temps qu'elle a passé à terre, D10 a subi des modifications et des améliorations. La connectique en particulier, a été "redondée" ou doublée, afin de fiabiliser et sécuriser le raccordement au réseau électrique de l'île et son approvisionnement. A terre, des batteries ont également été rajoutées pour stocker l'énergie afin de lisser les effets de la houle. L'objectif étant de produire du courant de manière continue.
Libérer Ouessant des énergies fossiles à terme
Il s'agit à partir de ce mardi, d'une seconde phase de tests mais plus longue, puisque elle va durer trois années. Et un projet beaucoup plus large est en gestation pour 2021, en partenariat avec Akuo energy, producteur d'énergie français, dans l'objectif de libérer l'île du recours aux énergies fossiles. Le projet PHARES, qui comprend l'arrivée de deux nouvelles hydroliennes, D12, d'une éolienne et d'un parc photovoltaïque.
L'interview de Jean-Christophe Allo, responsable du développement commercial Sabella
L'interview de Jean-Christophe Allo, responsable du développement commercial Sabella - recueillie par Muriel Le Morvan et Florence Malésieux
Enjeux commercial et politique
Les enjeux de cette seconde phase de test sont à la fois commerciaux et politiques. Il s'agit de prouver l'intérêt et l'efficacité de cette énergie renouvelable pour l'avenir et de convaincre les politiques de développer ces technologies. Cette seconde expérimentation démarre à quelques semaines de la révision de la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), annoncée d'ici la fin de l'année 2018. Le ministre de la Transition écologique, François de Rugy, a d'ailleurs assuré ce mardi à l'Assemblée nationale que la future feuille de route énergétique (PPE) de la France respecterait les objectifs de la loi de transition énergétique de 2015 en matière d'essor des énergies renouvelables. "Bien évidemment l'éolien terrestre, l'éolien offshore, l'éolien flottant, et même l'hydrolien - plutôt dans une logique de niche pour les îles, pour des endroits isolés - tout cela trouvera sa place dans cette stratégie énergétique pour la France", a-t-il conclu.
La programmation pluriannuelle de l'énergie présentée fin octobre
Ainsi en réponse à une question de Didier Le Gac (LREM, Finistère) sur l'hydrolien, le ministre a ajouté que cette future feuille de route "C'est bien sûr de réduire la dépendance au nucléaire, de lutter contre le dérèglement climatique, mais aussi de diversifier grâce aux énergies renouvelables". Le gouvernement doit en effet présenter fin octobre sa programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) pour les années 2019-2023 et 2024-2028. François de Rugy a rappelé qu'il voulait aussi tenir compte de "la sécurité d'approvisionnement électrique" et de "la maîtrise du juste prix pour le consommateur et pour le producteur". La loi de 2015 fixait "un objectif de 40% d'électricité renouvelable d'ici 15 ans et c'est l'objectif que nous allons tenir en donnant une déclinaison mode de production par mode de production".