Procès Troadec: l'accusé "dans un état de légitime défense paranoïaque", selon un psychiatre

9e journée d'audience pour Hubert Caouissin, jugé devant la cour d'Assises de Loire-Atlantique pour le quadruple homicide des Troadec, sa belle-famille, tuée à leur domicile en février 2017 à Orvault. Les experts psychiatres ont décrit un couple en proie à un "délire paranoïaque".

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Hubert Caouissin, accusé d'avoir tué et démembré quatre membres de sa belle-famille, était dans "un état de légitime défense paranoïaque", convaincu d'avoir été spolié par ses victimes, et son discernement altéré par ce "délire paranoïaque", a expliqué un psychiatre vendredi.


Cette spoliation, "ce n'est pas une idée, c'est une conviction" d'Hubert Caouissin, qui avait acquis la "certitude d'un danger de mort imminent les menaçant", lui, sa conjointe et tout particulièrement leur fils de huit ans, a expliqué le  docteur Daniel Zagury devant la cour d'assises de Loire-Atlantique.

 

"Une ruée délirante vers l'or"


Des années avant le passage à l'acte, M. Caouissin s'était persuadé que son beau-frère Pascal Troadec avait dérobé des lingots d'or découverts dans un appartement familial, et s'était lancé dans une "ruée délirante vers l'or", se mettant "en quête de preuves tangibles" de l'existence du magot, a détaillé l'expert au 9e jour du procès.

"Un délire paranoïaque dans lequel Hubert Caouissin était manifestement enfermé à l'époque des crimes qui lui sont reprochés et dans lequel il est manifestement encore enfermé aujourd'hui, estime l'un de ses avocats, maître Thierry Fillon. On en a quelques exemples à l'audience."  

 

Toujours délirant

 

Selon le Dr Zagury, qui est intervenu dans d'autres dossiers comme celui de Michel Fourniret ou de Céline Bourgeon, la mère de la petite Fiona, "le délire n'est pas l'erreur"."Quand bien même l'or serait quelque part (ce que l'enquête n'est pas parvenue à démontrer, NDLR), cela ne contredit pas le fait qu'Hubert Caouissin soit délirant."
    

C'est ce "délire d'interprétation" qui "l'a contraint à se rendre au domicile" des victimes en février 2017, où il a tué Pascal et Brigitte Troadec et leurs enfants, Charlotte, 18 ans, et Sébastien, 21 ans, à coups de pied de biche.

 

S'il perd son délire, il est confronté au désespoir absolu

Dr Daniel Zagury expert psychiatre, devant la cour d'assises de Loire-Atlantique.

    

"Même avec le recul, il ne voit pas comment il aurait pu faire autrement", décrit le médecin, assurant que M. Caouissin est toujours en proie à ce délire qui lui permet de "survivre psychiquement". "S'il perd son délire, il est confronté au désespoir absolu", a-t-il souligné.
    

Le Dr Zagury a décrit un patient très disert, ne montrant aucun signe de schizophrénie. "Il ne s'agit pas d'un déséquilibré psychopathe, il n'est pas habituellement dépourvu d'empathie, mais a une fragilité affective de base", a-t-il détaillé.
    

 

"Folies raisonnantes"

 

Selon lui, ce type de délire correspond précisément aux "folies raisonnantes", décrites par les docteurs Sérieux et Capgras en 1909.

Concernant le démembrement des corps, l'expert a noté que "ce qui est particulier, c'est la durée, le nombre de corps, la façon dont il en parle et l'acharnement tout particulier qu'il a eu à faire disparaître" toute trace de ses crimes.

 

Une part de rationnalité

 

Pour maître Olivier Pacheu, avocat de la famille de Pascal Troadec (parties civiles), "la scène criminelle à proprement parler est un comportement guidé par la rationnalité avec en arrière plan une problématique paranoïaque, tout comme ce qui se passe portérieurement à la mort, [notamment] l'atteinte à l'intégrité des cadavres..."
  

Le procès est prévu jusqu'au 9 juillet.
 

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