Contrairement au premier confinement, l’accès aux plages n’est pas interdit, à condition de rester dans le périmètre d’un kilomètre autour de son domicile. Mais l’accès aux plans d’eau est de nouveau interdit aux amateurs de glisse. Ils réclament le droit à la mer.
"On ne veut pas provoquer de désordre, on invite juste les gens à aller sur leur spot habituel. On veut montrer qu’il n’y a pas de risque sanitaire à la pratique des sports de plein air", dit Robin, surfeur installé dans le pays Bigouden.Avec deux autres collègues de glisse, il a lancé un appel sur Facebook pour motiver tous les pratiquants de sports nautiques à se mobiliser samedi 7 novembre, entre 16 h et 17 h. "Nous n'incitons pas les gens à aller à l'eau. Ils sont libres de faire ce qu'il leur paraît le mieux", précise le surfeur.
Depuis le début du confinement, les activités nautiques sont interdites, sauf pour les professionnels et les sportifs de haut niveau. Une décision jugée injuste par de nombreux amateurs et vivement contestée sur les réseaux sociaux. "Inégalité entre les sports encore et toujours"… déplore l’association fouesnantaise Beg Meil Paddle Cup sur sa page Facebook :
Sportifs de haut niveau: pratique autorisée...les autres niet ! Inégalités entre les sports toujours et encore...#begmeilpaddlecup #begmeilpaddlecupconfinémaispasdeprimé ???♀️??♂️
Publiée par Beg Meil Paddle Cup sur Vendredi 30 octobre 2020
L’association ne s’est toujours pas prononcée quant à la mobilisation du week-end mais sa présidente, Vanessa Le Reste, reconnaît que la grogne monte chez les amateurs de sports nautiques et les habitants des communes littorales : "Pourquoi ce qui fait du bien au mental et au corps doit être interdit alors qu’on sait très bien que contre les virus, il faut être fort et que l’océan vous rend fort ?"
Elle entend l’argument selon lequel les activités sportives sur l’eau seraient interdites pour ne pas engorger les services d’urgences et de réanimation mais elle souligne le fait qu’il y a généralement peu d’interventions de sauvetage pour ces pratiques, surtout à cette période de l’année : "Au mois de novembre, l’eau est à 13 degrés ici. Les gens qui vont sur l’eau sont des gens qui connaissent l’océan. Ce sont des pratiquants de sports nautiques qui savent quand il y a danger ou pas".
Le sport et la mer, bons pour la santé
Les surfeurs à l’initiative de la mobilisation pointe "l’incohérence" des consignes données aujourd’hui et en mai dernier, au moment du déconfinement, concernant l’accès aux plages. "Au déconfinement, l’État avait autorisé la pratique des sports nautiques, estimant qu’elle ne représentait aucun risque d’aggravation de la situation sanitaire, alors que les plages étaient encore fermées. Et là, en novembre, nous sommes dans la situation inverse..." dit Robin. Il a conscience que ceux qui braveront l’interdit et iront sur les plages ou à l’eau samedi risquent une amende de 135 euros, mais il insiste sur le fait qu’ils ne présenteront "pas un risque de propagation du virus".
"Il y en a pour qui la pratique de ces activités est vraiment essentielle dans leur rythme de vie, agurmente le surfeur. Il y a des répercussions importantes sur la santé morale et physique des gens qui ne peuvent pas pratiquer ces sports, poursuit-il. Certains ont perdu leur boulot à cause du coronavirus, certains sont au chômage, n’ont rien à faire de leur journée, leur seul moyen de s’occuper c’est d’aller à l’eau, de se vider la tête dans l’eau… c’est dommage que ces personnes-là ne puissent pas avoir accès à l’océan."
L’appel connaît un franc succès sur Facebook. Plus de 9.000 personnes ont déjà manifesté leur intérêt pour l’événement. "C’est hallucinant", dit Robin. "On n’a pas de structure, on n’a pas d’organisation, on a juste mis des mots simples sur un malaise qui était là ".
Avec ses collègues de glisse, il espère que la mobilisation de ce samedi fera bouger les choses.