Fret maritime. François Gabart s'engage dans le transport de marchandises 100 % à la voile

VELA, c'est le projet dans lequel François Gabart vient de se lancer. La start-up, qui regroupe quatre autres entrepreneurs, entend insuffler un nouvel élan dans le domaine du fret maritime, grâce à ses voiliers-cargos qui relieront l'Europe aux Etats-Unis. Du transport de marchandises à la seule force du vent, qui s'appuiera sur les technologies de la course au large.

Comme souvent, les projets naissent à la faveur d'une rencontre. Celle de Pierre-Arnaud Vallon et François Gabart a pour objet commun leur passion de l'océan. Ils ont tiré des bords ensemble, à l'occasion de petite régates inter-entreprises. A l'époque où le skipper finistérien courait encore sous les couleurs de la Macif et où l'entrepreneur, lui, faisait tourner la start-up DRUST, une plateforme d'intelligence automobile qui avait tapé dans l'oeil du groupe d'assurances, notamment sur la question de la prévention des risques routiers chez les jeunes.

Du fret à la voile

Voilà pour la genèse. Depuis la start-up est passée entre d'autres mains. Mais Pierre-Arnaud Vallon a gardé dans un coin de sa tête le projet de construire des bateaux à voile pour le transport de marchandises. Il y pense d'ailleurs depuis un bon moment. 

On fait le choix d'agir positivement sur la planète, en proposant une alternative décarbonée et responsable au fret conventionnel"

Pierre-Arnaud Vallon

Co-fondateur de VELA

Avec les deux co-fondateurs de DRUST, Michaël Fernandez-Ferri et Pascal Galacteros, il met sur pied VELA, pour concevoir et armer des voiliers-cargos. Il embarque dans l'aventure François Gabart et son écurie de course au large, MerConcept, basée à Concarneau, dans le Finistère.

La mobilité maritime plus respectueuse de l'environnement est un autre sujet qui réunit les deux hommes. "L'urgence climatique est une réalité, explique Pierre-Arnaud Vallon. Le transport de marchandises représente 3 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Avec 90% des marchandises qui transitent par les océans, on fait le choix d'agir positivement sur la planète, en proposant une alternative décarbonée et responsable au fret conventionnel".

Moins de 15 jours

A raison de 7 à 9 rotations par an, les voiliers-cargos de VELA entendent, dans un premier temps, donner priorité à l'axe transatlantique Europe-Etats-Unis. Ils pourront acheminer entre 300 et 500 tonnes de marchandises, en s'appuyant sur des ports secondaires et au plus près des entrepôts.

Du transport décarboné, "100 % à la voile et sans compromis, souligne François Gabart. Ce n'est pas simple, c'est un challenge mais il n'y aura pas d'hybridation. On utilisera juste le moteur pour sortir d'un port, comme ce qui se pratique déjà dans la course au large. Ensuite, on avancera à la voile".

Un premier test d'acheminement a été réalisé fin 2022 à bord du cargo de Grain de Sail, entre Dunkerque et New-York.

Les progrès de la course au large ouvrent le champ des possibles

François Gabart

Skipper et fondateur de MerConcept

Se pose évidemment la question des délais, dans un monde où tout doit aller vite, voire très vite. "On sera plus rapide que le fret conventionnel, assure Pierre-Arnaud Vallon. En prenant en compte le chargement, la traversée, le déchargement, on table sur moins de 15 jours. Alors que le transport classique oscille entre 15 et 18 jours car les temps d'attente en amont et en aval sont plus longs".

François Gabart glisse le chiffre du record de traversée de l'Atlantique en équipage, entre New-York et le Cap Lizard. "3 jours 15 h et 25 minutes ! Un chiffre qui fait rêver, sourit le navigateur. Les progrès de la course au large ouvrent le champ des possibles et nous travaillons sur ces transferts technologiques avec VELA".

Routage

A bord des voiliers-cargos, pas de conteneurs mais des palettes, ce qui allège d'autant l'infrastructure pour charger et décharger. Et offre ainsi un gain de temps. "On s'inspire de ce qui existe dans le fret aérien et on va chercher le meilleur ailleurs pour bâtir le projet".

Et le facteur météo, qui en a laissé plus d'un à quai au départ d'une course ? Pierre-Arnaud Vallon reste philosophe. "Attendre pour mieux partir, dit-il. Ce n'est pas parce que l'on attend un ou deux jours au port que l'on aura un ou deux jours de retard à l'arrivée".

D'autant que VELA pourra compter sur les compétences de MerConcept en matière de routage météo, une procédure utilisée dans la course au large notamment, qui permet de trouver la route optimale en tenant compte des prévisions météo et des courants. 

Un premier bateau à l'horizon 2025

Selon François Gabart, transporter des marchandises à la voile, "ce n'est pas si compliqué que ça sur un plan technique. Le principe est même vieux comme le monde. Ce qui doit bouger, ce sont les mentalités. Il est là le défi. Ce que nous proposons, c'est une nouvelle façon d'appréhender le transport maritime et de réduire le plus possible son impact environnemental".

Agile et facile à manoeuvrer, selon ses concepteurs, le premier navire de VELA devrait être mis à l'eau à l'horizon 2025. L'équipage, issu de la marine marchande, sera formé à la navigation à la voile par François Gabart et MerConcept.

Pierre-Arnaud Vallon mise sur le savoir-faire français pour la construction de ce futur voilier-cargo. L'appel d'offres sera lancé au printemps prochain lors de la présentation officielle du projet.

L'entreprise dispose déjà, des deux côtés de l'Atlantique, de l'engagement de clients prêts à acheminer à la voile "leurs produits à haute valeur ajoutée" mais en attend d'autres pour "terminer le remplissage des cales". Reste à convaincre les investisseurs.

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