Instant d'atelier à Quimper : Jean-Yves Pennec, l'Art est dans le cageot !

Jean-Yves Pennec se consacre depuis une vingtaine d'année à la réhabilitation de cet objet en apparence si ordinaire, le cageot. Par la découpe et le collage, le jeu des mots et des images, ce matériau banal et périssable retrouve une seconde vie grâce à cet artiste poète. 
 

 

"À mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot ..."

(Extrait du poème Le Cageot de Francis Ponge - Le Parti pris des choses - 1942)

Jean Yves Pennec connaît par cœur le poème ''le cageot '' de Francis Ponge, mais il n’a pas suivi son conseil prodigué à la fin du texte, puisque cela fait maintenant plus de 20 ans que ce plasticien quimpérois se passionne pour cet objet.
 

Hommage au cageot


Jean Yves Pennec glâne depuis des années ses cageots sur les marchés. Des cageots de fruits, de légumes souvent arrivés d’Espagne, mais aussi les emballages des produits de la mer, comme les bourriches d’huîtres ou de coquilles Saint-Jacques."Il y a la présence dans mes œuvres de l’Armor et l’Argoat, ça m’intéresse cette complémentarité entre ces deux univers qui disent beaucoup la Bretagne".

"La relation entre le cageot et le monde de l’art, n’est pas si incongrue !" 

Des petits aux grands formats, carrés ou circulaires, ces œuvres innombrables qui jalonnent les murs de son atelier partent toujours d’une histoire, d’une rencontre. Par le traçage, la découpe minutieuse, le collage, des apports parfois aussi de peinture, la répétition, Jean-Yves Pennec joue avec les mots et les couleurs et rend ses lettres de noblesse à tous ces grands personnages de l’histoire de l’art réduits sur ces cageots à de simples images publicitaires. Mona Lisa de Léonard de Vinci s’échappe ainsi d’un cageot d’orange, Adam et Eve de Dürer d’une caisse de tomates. L'artiste, brouilleur de pistes, continue de nous révéler les trésors cachés de cet objet ordinaire, porte ouverte sur l'imaginaire. 

 

 

Clin d’œil à l’histoire de l’art mais aussi à sa propre histoire


Ses créations partent des images, mais aussi des mots inscrits sur ces fines bandes de bois de peuplier blanc, comme "Casaluna" (ou  "Maison de lune ") qui le ramène dans la première maison de sa grand-mère.

On peut distinguer la silhouette de Victorine, femme modeste originaire de la Forêt de Fouesnant qui a transmis à son petit-fils l’amour des mots et des livres. Une œuvre devenue emblème, icône personnelle.
 


A partir d’un cageot où figure Titus, le fils de Rembrandt, Jean-Yves Pennec se penche sur les relations entre un père et son fils. La figure du père apparaît dans sa composition majestueuse face à celle de son fils ''multiple, joueur, trublion''. Hommage à son père qui avait un goût prononcé pour le travail du bois à travers la texture de vernis à bois mélangé et le grand format carré. Rien n’est laissé au hasard…

 

 

Des œuvres débordant du cadre, comme ''Voir'' qui pose la question du regard


Cette œuvre bas-relief mesure 90 cm sur 2 m 62. Scintillement de couleurs autour des yeux, de multiples fragments rectangulaires rythment ce bas-relief. "Ce travail, souligne l’artiste, est la conjonction du regard du regardeur et de ce qu’il voit".
 


Philosophe de formation, Jean-Yves Pennec poursuit sa réfléxion sur le rôle de l’artiste: "La vocation d’un artiste, c’est de faire voir ce qui existe déjà, de rendre compte de la richesse et de la complexité du monde’’.  

Toutes ces pièces qui composent la fresque sont classées, numérotées, agencées et coffrées dans des caisses. Une véritable renaissance pour le cageot à son tour mis en boîte pour s’afficher dans les galeries, ou les musées, ''une forme de promotion inespérée pour cet objet", souligne, l'oeil malicieux, Jean-Yves Pennec.

 


Peut-on poser une étiquette sur son style, son courant artistique ?


Jean-Yves Pennec vous répondra qu’il se rapproche des nouveaux réalistes de la deuxième génération comme Arman, Jacques Villéglé, du Pop Art aussi, "ces gens qui s’intéressaient aux objets ordinaires, de la consommation, les accumulaient et les rendaient magiques" précise-t-il.

Alors si d’aventure au marché vous buttez sur ces "caissette à claire-voix", ne les jetez plus car "..sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques !" (Fin du poéme Le Cageot de Francis Ponge - Le Parti pris des choses - 1942).
 

L'actualité de Jean-Yves Pennec

Exposition jusqu’au 31 décembre à la Galerie Madam Rêve, 6 rue Edith Cavell à Rennes

Exposition Petits formats du 14 au 15 décembre au château du Perennou à Plomelin (Finistère)
 

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