Un homme de 43 ans a été condamné lundi 25 novembre à deux ans de prison ferme par le tribunal judiciaire de Quimper pour avoir volé des objets religieux dans des églises du grand Ouest. Il était jugé pour avoir dérobé près de 170 objets liturgiques au cours d'une trentaine de vols commis dans des édifices religieux.
Ce lundi 25 novembre 2024, le tribunal judiciaire de Quimper, dans le Finistère. jugeait un quadragénaire suspecté d'avoir commis plus de 23 vols dans des églises bretonnes et du Grand Ouest. Il a été condamné à 2 ans de prison ferme.
"Je me demande encore aujourd'hui comment j'ai pu entrer dans une spirale comme ça. Comme je volais dans des églises, je n'avais pas le sentiment de voler quelqu'un", a déclaré à la barre le prévenu, qui compte une vingtaine de condamnations à son casier judiciaire. "Ce genre de vols contribue au pillage d'un bien national culturel et met à mal la liberté de culte. Comment faire dans toutes ces petites églises et chapelles qui restent ouvertes sans surveillance ?", a dénoncé la vice-procureure Marie-Noëlle Collobert, qui avait requis deux ans de prison ferme, soulignant que cet argent lui servait notamment à l'achat de drogue ou à jouer au casino.
Le prévenu a dit avoir gagné moins de 5.000 euros lors de ces vols tandis que la juge a évoqué une somme de 9.000 euros pour une valeur marchande potentielle de 35.000 euros.
Parmi les 169 objets dérobés, 33 ont été retrouvés dans sa voiture et 136 revendus à des antiquaires.
Pour rappel, c'est une enquête de longue haleine qui avait permis d'aboutir à l'arrestation du "pilleur d'églises". Tout commence mi-février 2019, quand trois églises sont cambriolées à Pont-Aven, Nizon et Melgven dans le Finistère. Les gendarmes de Quimperlé sont prévenus et commencent leurs investigations. Sur la même période, des vols sont commis dans des églises costarmoricaines.
Des objets d'église chez un antiquaire du Mans
En parallèle, le 20 février, une équipe du Service central de renseignement criminel de la gendarmerie nationale (SCRCGN) de Pontoise, spécialisée dans les objets d'art, effectue une opération auprès d'antiquaires de la ville du Mans. "Ils ont été étonnés de voir des objets d'église, un ciboire et un calice, dans une boutique," explique un enquêteur. À ce moment, les gendarmes de Pontoise ne sont pas au courant de l'enquête de leurs collègues finistériens.
De retour dans le Val-d'Oise, les militaires du SCRCGN s'aperçoivent que les deux objets aperçus chez l'antiquaire du Mans sont recherchés par leurs homologues de Quimperlé. C'est l'élément déclencheur qui leur permet de retrouver l'auteur des faits. À partir de là, l'ensemble des faits de vols sont placés sous la responsabilité conjointe des gendarmes de Quimperlé et Pontoise.
Une enquête conjointe des gendarmes
Leur enquête permet de remonter jusqu'à un homme de 37 ans à l'époque, domicilié à proximité du Mans. Une fois dérobés, ces objets étaient revendus aux antiquaires ou sur internet, sous prétexte qu'ils provenaient d'une chapelle privative. Ce qui évacuait la méfiance des acheteurs. Le suspect a été aidé dans ses méfaits par son ex-compagne de 34 ans à l'époque, elle aussi habitant la Sarthe.
Si les églises bretonnes et du Grand Ouest ont été les principales victimes du voleur, ce dernier avait élargi son rayon d'action. "Les derniers vols recensés ont été commis dans l'Aisne et en Auvergne, vers Vichy."
Un délit routier à l'origine de l'interpellation
C'est justement dans l'Aisne que le suspect a été interpellé le 11 avril 2019 suite à un délit routier. Dans son véhicule, ce ne sont pas moins de quarante objets de culte qui sont trouvés par les gendarmes. Ses délits le conduisent à la prison de Laon où il est incarcéré. "Nous devions l'arrêter peu après, explique l'enquêteur quimpérois. Cette interpellation par nos homologues picards a quelque peu raccourci le délai !" Les gendarmes du Finistère sont partis le chercher pour qu'il soit incarcéré à la prison de Ploemeur dans l'attente de son procès.