Les villes moyennes bretonnes gagnent des habitants, sauf Douarnenez : une crise du logement qui n'en finit pas

C'est l'une des rares communes de Bretagne se trouvant sur la côte à perdre des habitants chaque année. Douarnenez comptait 20 000 habitants dans les années 70 et moins de 14 000 aujourd'hui. C'est la ville moyenne qui a perdu le plus d'habitants entre 2013 et 2019 selon l'INSEE. Si l'effet Covid n'a pas encore été mesuré sur la population, la pénurie de logement s'est installée depuis deux ans et Douarnenez peine à loger tous les demandeurs.

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Les chiffres de recensement de l’INSEE sont tombés. La Bretagne a gagné entre 2013 et 2019, 96 000 Bretons en plus (+0,5%). Cette augmentation est constante depuis les années 60. Les communes qui tirent leur épingle du jeu sont les villes moyennes, entre 10 000 à 20 000 habitants. Selon les chiffres de l’INSEE, qui ne prennent pas en compte les potentielles nouvelles arrivées liées à la crise sanitaire, ce sont dans ces communes que la croissance est la plus forte : 0,8% contre 0,5% d’augmentation à l’échelle régionale. Les communes aux alentours de Rennes sont les plus plébiscitées à l’instar de Bruz (+1,9%), de Saint-Jacques-de-la-Lande (+2,9%) ou encore Betton (+2,4%). 

"L'objectif de mon mandat c'est d'arriver à 15 000 habitants"

Sur le littoral les villes moyennes enregistrent aussi une augmentation de leur population, comme Concarneau (+0,8%), Guidel (+1,5%) et Plouzané (+1,7%). Il y aussi celles qui n’arrivent pas à inverser la courbe et continuent de perdre des habitants. C’est le cas de Douarnenez. C'est la ville moyenne qui a perdu le plus d’habitants entre 2013 et 2019 avec 0,9% d'habitants en moins. Alors que dans les années 70 on comptait plus de 20 000 Douarnenistes, ils ne sont plus que 14 000 aujourd’hui. Mais alors pourquoi cette ville moyenne aux trois ports, avec des structures éducatives, sportives et culturelles perd d’année en année ses habitants ? L'une des raisons avancée par la mairie : il n'y a pas assez de logement.

Pour la maire de la cité Penn Sardin, Jocelyne Poitevin, les données de l’INSEE ne sont pas parlantes. “On se base sur des chiffres qui remontent à deux ans, ce n’est absolument plus la réalité”, assure l’édile, convaincue que la crise sanitaire a eu un impact positif sur l’augmentation de la population. “L’objectif de mon mandat c’est d’arriver à 15 000 habitants, c’est un challenge, mais je veux y croire”, reprend Jocelyne Poitevin, élue depuis 2020. L’un des problèmes connu et reconnu à Douarnenez c’est le logement. Il devient de plus en plus difficile de se loger, et ce depuis plusieurs années déjà. Les agences immobilières ont très peu de biens à vendre ou à louer et les maisons et appartements partent très vite. 

520 dossiers en attente pour un logement social

Douarnenez Habitat, en charge des logements sociaux, fait le même constat. Ce phénomène s’est accéléré avec l’exode urbain induit par la crise sanitaire. “Déjà avant la crise du Covid, on avait une tension sur le territoire du fait de la proximité avec la mer. Il y avait très peu de logements vacants. Avec le covid ça s’est accentué notamment avec les périodes de confinement et les mouvements de personnes qui vont de la ville à la campagne”, explique-t-on chez Douarnenez Habitat. La liste d’attente s’est allongée. Il y aurait 520 dossiers en attente, alors que par an, en “période normale”, 200 logements sociaux sont attribués. “Aujourd’hui il n’y a plus de logements vacants, on doit attendre les départs”, ajoute l’office public. Alors la mairie a mis l’accent sur la construction de nouveaux logements. Jocelyne Poitevin évoque deux lotissements dont les terrains ont tous été vendus, un habitat collectif de 70 logements dans l’ancienne caserne de pompiers et des projets de rénovation de l'habitation ancienne du centre-ville. “Cela faisait 10 ans que les promoteurs immobiliers privés n’avaient pas investi à Douarnenez, et là ça repart. Douarnenez redevient attractive”, se réjouit Jocelyne Poitevin. 

Des baux d'habitation reconvertis en baux saisonniers

Pour le collectif droit à la ville, composé d’une dizaine d’habitants qui mènent une recherche avec des universitaires de Science Po Rennes et de l’UBO, sur l’état du logement dans la cité Penn Sardin, construire de l’habitat neuf est “une fausse réponse”. Le collectif dénonce notamment des logements “de luxe et de standing” pour des classes plus aisés avec un fort capital financier. “On se retrouve avec beaucoup de témoignages de locataires dont les propriétaires ont revendu leur logement à des personnes qui comptent faire du Airbnb”, explique Maxime Sorin, membre du collectif. “Les locataires savent qu’ils vont être évincés quand leur bail sera terminé et reconverti en un bail saisonnier, regrette-t-il. On n'avait pas entendu parler de ces pratiques avant la crise du Covid et la saturation du marché”.

"Le prix médian était de 126 000€ en 2018, 2019. Il est de 168 000€ en 2020"

Selon le collectif droit à la ville, l’augmentation de la part des logements destinés au tourisme implique ainsi des difficultés pour des néo-douarnenistes de s’installer, notamment les plus précaires. Mais aussi les jeunes, qui n’ont pas les moyens de rester vivre sur Douarnenez, faute d’offres de logements abordables. La mairie se défend, avançant sa volonté de promouvoir la mixité sociale, en construisant 25% de logements sociaux dans les projets d’habitats collectifs. C’est ce que la loi impose.

Ces nouveaux projets, qui devraient sortir de terre en 2023/2024 inquiètent également l'opposition de gauche qui regrette de voir apparaître majoritairement des logements de haut standing, "comme le projet à Tréboul. Ça va faire augmenter les prix qui augmentent déjà. Le prix médian était de 126 000€ en 2018, 2019. Il est de 168 000€ en 2020 !", détaille Maxime Touzé, élu d'opposition encarté à l'UDB (Union Démocratique Bretonne). Selon l'élu, la baisse de la population est également due à un vieillissement de la population. En 2019, le solde naturel était de moins 179 habitants (76 naissances pour 255 décès). 

Par ailleurs, à l'échelle régionale, les militants de l'UDB et écologistes réclament un statut de résident permanent. Ce dernier impliquerait de résider au moins un an dans une commune dont le marché immobilier est tendu, avant de pouvoir acheter. 

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