Maltraitance animale. Des peines de prison avec sursis et des amendes requises contre l'abattoir de Briec et quatre de ses salariés

L'abattoir de Briec et quatre de ses salariés ont comparu, ce mercredi, devant le tribunal de Quimper. Ils sont poursuivis pour maltraitance, sévices graves et actes de cruauté sur des truies de réforme. Ce procès fait suite aux images rendues publiques en mai 2021 par l'association L214.

10.000 euros d'amende contre l'abattoir de Briec, 6 à 8 mois de prison avec sursis et une amende de 500 euros à l'encontre de chacun des quatre salariés, voilà ce que le procureur de la République a requis, ce mercredi, devant le tribunal de Quimper. Il a également ordonné une interdiction de travailler avec les animaux pour les quatre prévenus.

Ce procès de la société briecoise d'abattage, qui appartient au groupe Les Mousquetaires, et de ses quatre salariés, fait suite aux images divulguées, en mai 2021, par l'association L214. Elles montrent la maltraitance subie par les truies et les verrats de réforme.

"Infractions systémiques"

La co-fondatrice de l'association L214, salue "la rapidité du parquet pour enquêter et engager des poursuites". Brigitte Gothière indique toutefois que "l'amende de 10.000 euros semble bien légère au regard des souffrances endurées par ces animaux"

Elle rappelle que les truies abattues à Briec - environ 2.000 par semaine - proviennent "d'élevages intensifs. Leur état de santé peut être dégradé à leur arrivée, suite à leur vie de reproductrices maintenues dans des espaces exigus". 

Au cours de l'audience, l'avocate de l'association L214 a pointé les conditions dans lesquelles ces animaux étaient mis à mort. "On le voit dans la vidéo, a-t-elle dit, ces animaux ne veulent pas mourir, ils essaient de fuir, de reculer, alors on les brutalise pour les forcer à avancer, on utilise un aiguillon électrique pour leur donner des décharges répétées. C'est dans tous les abattoirs comme ça". 

L'avocate a également dénoncé "le système de l'abattoir, son fonctionnement et les infractions systémiques qui en découlent. L'entreprise ne peut pas se dédouaner en accusant les salariés, c'est un peu court, comme réponse".

  Cadences de travail 

L'un des quatre salariés appelé à la barre s'est, de son côté, défendu en insistant sur "les cadences" imposées par la direction pour l'abattage. "On doit tuer entre 500 et 600 truies par jour, a-t-il relevé. On nous donnait des ordres pour faire du rendement. Et le rendement, a ajouté celui qui aujourd'hui a quitté l'abattoir de Briec et changé de vie, ça nous fait faire des erreurs et voilà, nous sommes quatre au tribunal"

Cette problématiques des cadences, le procureur de la République l'a également évoquée, au cours de l'audience, soulignant qu'elles étaient "trois fois supérieures à ce qu'elles devraient être", mais il a aussi signifié qu'elles "ne pouvaient pas justifier les sévices infligés aux animaux".

Pour sa part, l'avocate des salariés a contesté la notion d'intention dans les actes commis sur les cochons et parlé, elle aussi, de "cette logique de l'agro-alimentaire qui ne repose que sur les cadences et la rentabilité"
Me Cécile Launay a ajouté que les salariés avaient alerté leur direction sur " les difficultés à acheminer les truies vers la chaîne d'abattage, le lieu n'étant pas du tout adapté, alors que des travaux auraient dû être faits et ne l'ont été qu'une fois cette vidéo rendue publique".

L'affaire a été mise en délibéré. La décision sera rendue le 27 juin prochain.

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