L'association L214 publie une nouvelle vidéo tournée dans un abattoir de porcs dans le Finistère. L214 porte plainte pour sévices graves et demande la fermeture de l'abattoir. Il a été immédiatement fermé par Intermarché, le propriétaire. Une information judiciaire a été ouverte.
Des truies paralysées qui ne peuvent plus se déplacer, des coups d'aiguillon dans l'anus des cochons pour les faire avancer plus vite.... C'est ce que l'on peut découvrir dans la nouvelle vidéo choc de l'association L214.
Ces images, tournées entre janvier et février 2021, ont été transmises à l'association par un lanceur d'alerte qui a réussi à s'infiltrer à l'intérieur de l'établissement. Il préfère rester anonyme.
Dans cet abattoir créé en 1981, 2.300 truies seraient abattues chaque semaine selon l'association. L'entreprise fournit sa viande dans les pointes de vente Intermarché.
Des souffrances extrêmes pour les animaux
En plus des pratiques d'abattage, l'association dénonce la structure en elle-même. Sur les images, on remarque que les couloirs sont trop larges, les cochons se coincent au point de devoir être tués sur place.
Le box d'immobilisation où sont étourdis les animaux n'est pas adapté aux différents gabarits des cochons.
Résultat : les employés se retrouvent obligés d'utiliser leur pince à électronarcose (qui sert à électrifier les cochons) pour contrôler les bêtes apeurées, alors que cette dernière ne devrait être utilisée que pour l'étourdissement. "On ne met pas en cause les employés, mais la direction", souligne Sébastien Arsac, cofondateur de l'association L214.
L214 dépose plainte contre l'abattoir
L214 a décidé de porter plainte pour sévices graves et demande la fermeture urgente de l'abattoir de Briec. Elle a réclamé un audit généralisé de tous les abattoirs dans un courrier au ministère de l'Agriculture.
En 2016, suite aux enquêtes menées par L214, Stéphane Le Foll, alors ministre de l'Agriculture à l'époque, avait ordonné des inspections dans tous les abattoirs de France. Un rapport avait été publié dans la foulée.
A Briec justement, des dysfonctionnements autour des structures avaient été mentionnés. Et cinq années plus tard, visiblement, rien n'a changé. "En plus de la maltraitance, on souligne la responsabilité de la direction et des services de vétérinaires", rapporte Sébastien Arsac.
Selon le militant animaliste, le vétérinaire présent dans l'abattoir est responsable. "Il voit ce qu'il se passe". En plus de la plainte, l'association a donc déposé un recours en responsabilité contre l'Etat pour manquement à sa mission de contrôle de l'application de la réglementation.
La ligne de production suspendue
Contactée, la Société briécoise d’abattage (SBA), une unté du groupe Les Mousquetaires (Intermarché), juge ces images "choquantes" et "comprend l’émotion qu’elles peuvent susciter auprès du public".
La direction a décidé, par mesure conservatoire, de suspendre provisoirement la ligne de production concernée, "en attendant les conclusions des différents audits et enquêtes internes qui ont été immédiatement diligentés, en lien avec les autorités sanitaires".
La préfecture du Finistère évoque de son côté dans un communiqué des “pratiques inacceptables avec des manquements graves aux règles de protection animale”.
"Cet abattoir ne rouvrira que quand toute la lumière sera faite sur ses pratiques", a assuré mercredi lors d'une conférence de presse le secrétaire général de la préfecture du Finistère, Christophe Marx.
Outre le lancement d'un "certain nombre de travaux", l'abattoir devra apporter des garanties en termes de "formation de son personnel" et de "capacité à surveiller l'ensemble de (ses) pratiques", a ajouté Yvan Lobjoit, directeur départemental de la protection des populations (DDPP, services vétérinaires), évoquant la possibilité
pour l'entreprise de mettre en place un dispositif de vidéo-surveillance.
Plainte pour "sévices graves"
L214 porte plainte "pour sévices graves commis envers des animaux auprès du procureur de la République de Quimper et demande à la justice de punir sévèrement la direction de l'abattoir, ainsi que les services vétérinaires du département", indique l'association dans son communiqué.
Le parquet de Quimper a indiqué mercredi qu'une enquête avait été ouverte.
L214 précise avoir également introduit "un recours en responsabilité contre l'État pour manquement à sa mission de contrôle de l'application de la réglementation".
En un an, c'est le quatrième abattoir visé par une plainte de l'association L214. Parmi eux, l'abattoir d'agneaux situé à Rodez dans l'Aveyron et celui de veaux Sobeval en Dordogne.
A la suite de ces plaintes, le ministère avait demandé une fermeture temporaire de ceux-ci. Ils ont depuis rouvert leurs portes.