La centrale biogaz de Châteaulin (Finistère), exploitée par Engie, a été condamnée jeudi à 150.000 euros d'amende, dont 50.000 euros avec sursis, après la pollution d'un fleuve qui avait privé d'eau potable 180.000 personnes en août 2020.
Le parquet de Quimper avait requis 150 000 euros d'amende, dont 75 000 euros avec sursis, en pointant la "négligence" d'Engie. L'énergéticien exploite la centrale de biogaz de Chateaulin, rendue responsable de la pollution d'un fleuve, qui avait privé d'eau potable 180 000 personnes en août 2020.
La peine infligée ce 16 novembre par le tribunal de Quimper suit donc ces réquisitions. "Le montant de l'amende semble à la hauteur des faits", s'est félicité Morgane Quintard, juriste pour l'association de défense de l'environnement Bretagne Vivante.
💪Victoire juridique sur le #methaniseur de #Châteaulin, @Engie condamné ! C'est une reconnaissance de la prise au sérieux des délits environnementaux ! ❌️ méthanisation = danger https://t.co/4yHJBv5cHW
— Bretagne Vivante - SEPNB (@BretagneVivante) November 16, 2023
L'association Eau et Rivières de Bretagne, qui s'était battue pour obtenir un procès public, a aussi exprimé sa satisfaction. "C'est important qu'il y ait eu une condamnation, que la justice ait été rendue publiquement, avec pédagogie", a souligné Arnaud Clugery, porte-parole de l'association.
Victoire ⚖️ | L'usine de #methanisation de Châteaulin, filiale d' @ENGIEgroup vient d'être condamnée à 150.000€ d'amende pour sa pollution de l'Aulne.
— Eau et Rivières de Bretagne (@Eauetrivieres) November 16, 2023
📢 "C'est une peine forte de sens, cette pollution a enfin été prise au sérieux" réagit @Eauetrivieres https://t.co/WcPfZm5qal
L'avocat d'Engie Bioz (filiale du groupe Engie) n'a pas répondu dans l'immédiat.
Un problème de conception
Le 17 août 2020, une cuve du méthaniseur, qui injecte dans le réseau gazier du méthane produit à partir de fumier, de lisier ou de déchets de l'industrie agroalimentaire, avait débordé à la suite d'un incident technique.
Environ 400 m3 de digestat, une matière organique issue du processus de méthanisation, s'étaient écoulés dans l'Aulne, en amont d'une usine d'eau potable, provoquant un pic d'ammoniaque et rendant l'eau impropre à la consommation.
L'usage de l'eau potable avait été restreinte par arrêté préfectoral pour 50 communes, touchant 180.000 personnes dont Châteaulin, une grande partie de Quimper et la très touristique presqu'île de Crozon.
La société était notamment poursuivie pour "déversement de substances nuisibles dans les eaux souterraines, superficielles ou la mer" et "pollution par rejet en eau douce ou pisciculture de substances nuisibles aux poissons".
Lors de l'audience du 28 septembre, Antoine de La Faire, directeur général d'Engie Bioz, avait reconnu un "problème de conception" dans cette "filière récente" qui est "en amélioration continue". "Tout a été réalisé pour qu'il n'y ait plus d'écoulement en milieu naturel", avait-il assuré.
La peine maximale encourue était une amende de 375.000 euros.