Le procès du meurtre d'un jeune homme de 18 ans, tué à Carantec en 2021, s'est ouvert ce 5 septembre devant les assises du Finistère. Lors de la première journée de débat, le principal accusé est revenu sur la rixe qui l'a amené à donner des coups de couteau à la victime.
"J'ai mis des coups sans réfléchir ni viser". Ryan Bérichel a raconté, devant la cour d'assises du Finistère, la rixe qui l'a amené à tuer Kylian Klising, 18 ans, à Carantec dans le Finistère, sur fond de trafic de cannabis. Le procès, qui s'est ouvert ce mardi 5 septembre 2023, va durer jusqu'au 8 septembre.
LIRE : Meurtre d'un jeune homme à Carantec. Trois personnes devant les assises du Finistère
"Je pensais même pas que c'était possible de faire quelque chose de grave avec ce couteau" a lâché l'accusé qui avait acheté l'arme blanche un mois plus tôt sur internet pour 4,99 euros.
Cette arme, munie d'une lame de cinq centimètres, il l'avait brandie après une brève altercation avec la victime, le 21 juin 2021. "Je pensais qu'il allait partir en courant, qu'il aurait eu peur" a relaté Ryan Bérichel, 20 ans, d'un ton lancinant.
"Violence gratuite"
La victime, qui pratiquait la boxe, ne recule pourtant pas face à ses trois agresseurs et reçoit six coups de couteau en quelques secondes, dont deux au coeur et au cou. Le jeune homme parvient encore à parcourir une centaine de mètres pour demander de l'aide, puis s'écroule, pendant que ses agresseurs prennent la fuite.
"C'est de la violence gratuite, totalement disproportionnée, des jeunes qui ont sorti un couteau pour rien" a dénoncé avant l'ouverture du procès Me David Rajjou, avocat de la famille de Kylian Klising.
Les raisons du drame restent cependant assez mystérieuses, l'accusé et la victime n'ayant jamais eu de relations avant le jour des faits.
Ryan Bérichel ne faisait en effet que suivre ses amis dans leur virée à Carantec, un mineur et Anthony Pereira. Ces derniers étaient lancés aux trousses d'un proche de Kylian Klising, suspecté d'avoir volé du cannabis et de l'argent à un dealeur de Saint-Pol-de-Léon.
Anthony Pereira, 22 ans, est lui aussi poursuivi pour des violences sur la victime tandis que le troisième jeune homme incriminé, mineur au moment des faits, doit être jugé en novembre par le tribunal pour enfants.
"Moi j'abusais des médicaments, lui du cannabis"
A la barre, Ryan Bérichel a assuré ne rien savoir de ce différend, ni des raisons de cette virée dans la station balnéaire bretonne. "Malheureusement, Carantec ne fait pas exception. Des petits trafics de stupéfiants, il y en a un peu partout" a regretté un gendarme à la barre.
Gros fumeur de cannabis, déscolarisé depuis de nombreuses années, Ryan Bérichel passait ses journées à jouer aux jeux vidéos. D'un niveau intellectuel décrit comme "faible" par les experts psychiatriques, il avait pour projet professionnel d'ouvrir une boutique de bangs (pipes à eau pour fumer du cannabis) en Espagne.
Enfant non désiré par son père, il avait une relation fusionnelle avec sa mère, Nadège Bérichel, qui s'est elle-même décrite comme "hyper protectrice", "mère, copine et confidente".
"Moi j'abusais des médicaments, lui du cannabis. On avait chacun notre drogue" a-t-elle déclaré à la barre. Coaccusée, elle est poursuivie pour s'être débarrassée des vêtements de son fils et de l'arme du crime.
Ryan Bérichel encourt 30 ans de réclusion criminelle. Le verdict est attendu vendredi.