Un été très chaud, un automne doux et humide, autant de facteurs qui favorisent la prolifération des moucherons, plus nombreux voire envahissants cette année. Même en ce mois d'octobre, le petit insecte continue à se développer et à élire domicile chez vous. Explications.
Angèle est étonnée. À cette époque de l'année, des dizaines de moucherons font leur apparition dans son appartement situé au troisième étage d'un immeuble du centre-ville de Rennes. Elle les repère sur le plan de travail de sa cuisine, dans son évier ou encore "sur les feuilles de [son] avocatier". "Là, je n'ai pourtant aucun fruit dehors, mon éponge est bien essorée, relate-t-elle, et je vois voler des moucherons alors que tout est propre".
Lorsqu'elle évoque le sujet, au bureau, à la pause-café, Angèle s'aperçoit que ses collègues font le même constat. Qu'ils habitent en ville ou à la campagne, les moucherons sont légion en ce mois d'octobre. Et pas seulement à Rennes.
Chaleur et humidité, la voie royale pour les moucherons
Le téléphone de Michel Collin n'arrête pas de sonner ces dernières semaines. L'entomologiste, installé à Guidel dans le Morbihan, reçoit des appels de Bretons envahis par les petits insectes. "J'ai été contacté par le Likès, le lycée de Quimper, explique-t-il. Il y avait des milliards de moucherons dans les étages. Vu leur petite taille qui varie entre 2 et 3 mm, on atteint vite le milliard". Même scénario à Lannion, dans une résidence pour personnes âgées.
Qu'il y ait des moucherons en octobre, ce n'est pas anormal. Ce qui l'est, c'est qu'ils soient aussi nombreux actuellement
Michel CollinEntomologiste
Pour pouvoir agir, Michel Collin a besoin de savoir de quelle espèce il s'agit. Car il en existe des centaines. "Pour cela, dit-il, je dois récupérer l'insecte en bon état, vivant, afin de diagnostiquer ce à quoi on a affaire précisément, comment et où les spécimens se reproduisent".
Dans le cas du lycée quimpérois, ce sont des moucherons verts, les Notatas, qui avaient investi les bâtiments. Ces minuscules mouches, qui se développent notamment dans l'herbe, pullulent à l'automne quand elles cherchent à se réfugier dans les habitations pour hiverner. "Qu'il y ait des moucherons en octobre, ce n'est pas anormal, puisqu'ils vont se loger dans les interstices des volets roulants, dans les bouches de ventilation pour passer l'hiver, relève l'entomologiste. Ce qui l'est, c'est qu'ils soient aussi nombreux actuellement".
La canicule de l'été, les températures encore douces en cette fin octobre, conjuguées à l'humidité ambiante suite aux dernières pluies, constituent la voie royale au développement de ces insectes. D'autant que la végétation, elle aussi, perd un peu le nord et affiche toujours de la vitalité. "Tous les facteurs sont réunis pour que ces insectes arrivent en nombre" analyse Michel Collin.
Petits pollinisateurs
Même s'ils sont agaçants, les moucherons ont une fonction dans l'équilibre de la biodiversité. Ils servent, par exemple, de nourriture aux oiseaux ou aux araignées qui les attrapent dans leur toile. Les larves, également appelées 'asticots', décomposent les matières végétales et créent un bon terreau naturel pour enrichir la terre.
Ces petits insectes ont aussi un rôle de pollinisateur, certes moins efficace que celui des abeilles, mais pas négligeable non plus. "Ils ne sont pas nuisibles, souligne Michel Collin. Au printemps, on les remarque moins et on les trouve surtout sur les plantes à fleurs".
Comment les éloigner
Avant d'user de la tapette à mouches pour les éliminer, ce qui ne rendrait pas service à l'écosystème, mieux vaut déjà se tourner vers quelques petites astuces. La cuisine est leur coin de paradis. Il suffit donc de ne pas laisser des fruits et légumes trop mûrs à l'air libre, de vider régulièrement ses poubelles et de nettoyer la bonde d'évier car les moucherons aiment y élire domicile.
"Le vinaigre blanc dilué dans l'eau et le citron sont également efficaces pour les éloigner" précise Michel Collin. Lequel conseille aussi d'installer des moustiquaires aux fenêtres.