Une réduction de 35 centimes par litre de gasoil de pêche. Une décision saluée par les représentants de la pêche. Et pourtant, à la mi-journée ce jeudi, près de 200 marins ont voté le maintien du blocage du port du Guilvinec.
Le Bara ar vicher est arrivé juste à temps pour débarquer sa pêche. Dans la nuit, une banderole a été suspendue sur un filin qui bloque l'entrée du port du Guilvinec, contraignant un navire à faire demi tour ce matin.
Sous la criée, quelques 200 pêcheurs du sud-Finistère et de Lorient se sont donnés rendez-vous. Ils attendent des explications sur les mesures annoncées par le gouvernement pour alléger la facture de gasoil.
Une aide de 35 centimes par litres annoncée par Jean Castex, qui, la veille, avait déclaré qu'"on ne laissera pas tomber les pêcheurs".
Un "vrai coup de pouce" avait estimé Olivier Le Nezet, le président du comité des pêches du Morbihan, "qui montre la reconnaissance de notre filière".
C'est pourquoi les débats auront été houleux dans cette assemblée. Pour une partie des matelots, ce dispositif ouvert dès aujourd'hui, et jusqu'à la fin juillet, n'est pas suffisant.
Une salle, des ambiances
"On nous passe de la pommade" commente un jeune matelot qui ne reprendra pas la mer. "Aujourd'hui le gasoil est à 0,95, donc ça revient à 0,60 [ce que les représentants de la filière réclamaient], mais demain ca peut monter à 1 euro 20 ou plus".
"Je ne repars pas dans ces conditions là " affirme David, un matelot de l'armement Pochic, "on n' a plus de salaires, tout part dans le gasoil". Et de regretter la décision d'armements de reprendre la mer. " On sait que dans trois mois il y aura une autre crise".
Du côté des armateurs, pressés de voir leur flotte de chalutiers hauturiers repartir en mer, le discours est, en effet, différent, même si des inquiétudes persistent. "C'est une aide intéressante, à condition que le prix du gasoil ne remonte pas, qu'il ne passe pas à 1 euro 20 ou 1,30 pour la pêche, là, cela ne serait à nouveau plus rentable" calcule Christophe Collin, membre de la direction d'un armement.
Reprendre la mer
"C'est plus que significatif. Au prix où est le gasoil aujourd'hui, cela nous permet de rentrer dans les clous" estime Jacques Pichon, de l'armement La Houle, "mais il y a surtout la nécessité de se remettre au travail".
Le travail, c'est ce qui attend également les représentants de la filière pêche. Car ce qu'il ressort du plan de résilience, c'est avant tout le moyen de prendre un peu d'air jusqu'au 31 juillet. Restent les grands travaux. Car tous les disent à leur manière : l'avenir est incertain.
"La difficulté c'est d'avoir de la visibilité dans le temps. Mais personne ne l'a " rappelle Olivier Le Nezet, le président du comité des pêches du Morbihan (et du Comité de Bretagne). "Ce qu'il faut voir c'est que nous avons jusqu'au 31 juillet pour mettre en place un outil au niveau de la filière pour pallier aux fluctuations du prix du carburant".
Pour le représentant des pêcheurs de Lorient, c'est aux acheteurs, aux transformateurs, aux importateurs de "partager l'effort".