Le prix du litre de lait est toujours au coeur de crispations. Les producteurs s'estiment lésés, peu rémunérés. La marque Faire France propose à ses associés un prix plus équitable, en travaillant sur la commercialisation. Dans les rangs des éleveurs bretons, les avis sont partagés.
Lancée en 2012, la marque équitable Faire France rassemble 544 éleveurs laitiers associés, de Quimper jusqu’à la Belgique, mais aussi dans le Sud Ouest et le Centre.
Ici, pas de collecte organisée mais plutôt l'ambition de valoriser le produit. Faire France propose aux éleveur un prix plus équitable, avec 45 centimes par litre qui leur sont reversés, soit 10 centimes de plus qu'avant.
En tant qu'associé, l'éleveur qui adhère s'engage à donner de son temps, pour faire la promotion de son lait en allant par exemple dans les grandes surfaces, vers les clients. "Selon le capital investi dans notre SAS (entre 1000 et 5000 euros), cela correspond à entre deux à cinq jours par an de présence pour des animations" précise Adrien Lefèvre, trésorier de Faire France.
La Bretagne compte seulement une centaine d'adhérents. Début février, des réunions ont été organisées dans le Finistère pour expliquer aux éleveurs la démarche, comme à Plonéis.
Les éleveurs mitigés
La réunion n'aura pas convaincu Gwen, éleveur à Briec. "C'est une bonne idée de départ mais ça ne sauvera pas l'agriculture bretonne" argumente-t-il. "Je trouve qu'on ne va pas assez loin dans le système. Il faudrait une laiterie à nous, qu'on s'approprie notre truc. Quand on voit un litre de lait qui part de chez nous à 30 centimes, nous on met deux à trois ans à élever les génisses pour qu'elles produisent du lait."
Pour Isabelle, l'avis se veut plus modéré et elle réfléchit à une adhésion. "C'est une partie de solution, ça peut nous aider à obtenir plus de reconnaissance, nous donner l'envie de se lever le matin. On n'a plus le choix. Il faut aller vers le consommateur, lui expliquer que ce qu'on fait est bien et que le lait en Bretagne est très bon, pas besoin d'aller le chercher en Allemagne ou en Espagne."
L'acte de commercialisation n'était pas un acte obligatoire il y a 20 ans. Aujourd'hui, sans ça, l'avenir de la production laitière est vraiment en grand danger
Rencontré à Guengat, Christian, lui, a franchi le pas et est devenu associé de Faire France. Il s'estime gagnant. "Cela a changé beaucoup de choses, on a la capacité de récupérer la valeur ajoutée car on est propriétaire de la marque. Pour chaque associé du GAEC, Faire France cela représente 2000 euros de rémunération complétementaire, par an. C'est beaucoup quand on sait que la rémunération d'un producteur laitier finistérien c'est 20 000 euros par an."
Selon lui, le métier s'est longtemps concentré sur la production, sans penser à la commercialisation ou en la déléguant, pas forcément à son avantage. Le constat reste amer. Christian rappelle :"Aujourd'hui, le prix de départ du lait de nos fermes est à peu près le même qu'il y a 30 ans."
En 2020, dans le Finistère, la production de lait a chuté notamment dans le sud du département qui accuse une baisse de 13%.