Fuyant l’Ukraine, le peintre de l'île de Sein, Didier-Marie Le Bihan est arrivé en gare de Quimper ce vendredi 11 mars après 13 jours de périple. A ses côtés, sa compagne ukrainienne et la fille de celle-ci. Epuisé, choqué, il témoigne.
Entrée en gare de Quimper d’un TGV un peu particulier en ce vendredi 11 mars. A son bord le peintre sénan Didier-Marie Le Bihan, Tatiana sa compagne ukrainienne et Emilia, 11 ans, la fille de Tatiana. Les traits sont tirés, stigmate de leur fatigue et leur angoisse.
Ils sont sur la route depuis 13 jours, fuyant l’Ukraine. Laissant derrière eux famille, amis, tous leurs proches.
Je préfère voir la bonne pluie bretonne que les missiles russes.
Didier-Marie Le Bihan
Sur le quai, une pluie battante. Pointant le ciel du doigt, Didier-Marie Le Bihan sourit : "Je préfère voir la bonne pluie bretonne que les missiles russes." A ses côtés, Tatiana refuse de nous parler. Trop exténuée, trop stressée pour ça. "Tatiana est déchirée parce que ses élèves et son école sont restés là-bas, explique son compagnon. On a reçu des vidéos par les amis de Tatiana. Ils [les militaires russes] tirent sur les civils qui essaient de passer."
Si tu t’arrêtes, tu te ramasses un tir. Quand tu pars, tu pars.
Didier-Marie Le Bihan
En deux semaines, ils ont parcouru 3000 km. La voix serrée, Didier-Marie Le Bihan raconte la fuite de Kiev sous les bombes. "On a eu 5 minutes pour se décider, une demi-heure pour faire les bagages. On n’a pas eu trop le choix c’était ça ou rester là-bas et rester encore bloqués."
Pendant 16 heures, ils ont roulé pied au plancher pour parcourir les 1300 kilomètres qui les séparaient de la frontière moldave. "On est passés très vite, se remémore Didier-Marie. Si tu as le malheur de t’arrêter, tu te ramasses un tir. Il ne fallait surtout pas s’arrêter. Quand tu pars, tu pars. On a fait des pointes à 200 km/h."
Un grand merci aux Roumains
A la frontière moldave, des centaines de véhicules bloqués. Devenus des refugiés, Didier-Marie Le Bihan, Tatiana et Emilia ont été hébergés en Roumanie. "Les Roumains ont été exceptionnels. On a été accueillis à la frontière par des associations humanitaires locales. Ils nous donnaient des jus d’orange, des repas, des vêtements, de l’argent", salue le peintre.
Du repos à Sein avant de rentrer à Kiev
Après cette étape à Quimper, le voyage continue. Direction l’île de Sein. Histoire de se ressourcer quelques semaines. Mais dès que possible, Tatiana souhaite rentrer en Ukraine.