"Sadomasochisme", "viols", "proxénétisme". Procès en appel d'un ancien restaurateur libertin et violent avec son ex-compagne

Le procès en appel de l'ancien patron du bar-restaurant "La Cabane du Virage" de Beg Meil, à Fouesnant (Finistère), a démarré ce jeudi 25 janvier 2024 à Nantes devant la cour d'assises d'appel de la Loire-Atlantique après sa condamnation à treize ans de réclusion criminelle en première instance.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

"Sadomasochisme", "viols conjugaux" ou encore "proxénétisme". Le procès en appel de l'ancien patron du bar-restaurant "La Cabane du Virage" de Beg Meil, à Fouesnant (Finistère), a démarré ce jeudi 25 janvier 2024 à Nantes devant la cour d'assises d'appel de la Loire-Atlantique. Il avait été condamné à treize ans de réclusion criminelle en première instance, en mars 2023, devant la cour d'assises du Finistère.

Poing dans le vagin

Eric Laz, âgé aujourd'hui de 50 ans, avait été reconnu coupable de viols, proxénétisme et violences sur Christelle X, son ancienne compagne. L'affaire avait débuté alors qu'elle était s'était déplacée à la gendarmerie de Pont-L'Abbé (Finistère) le 30 juin 2020 pour dénoncer des "violences" survenues dix jours plus tôt devant leur fils, alors âgé de 8 ans.

Des violences en réalité "quasi quotidiennes" depuis le début de leur relation en 2012. La "scène la plus marquante" avait eu lieu le 8 mars 2020 quand Eric Laz l'avait "balancée sur le canapé", lui avait "baissé le pantalon" et avait voulu lui "mettre le poing dans le vagin". Alors qu'elle avait résisté, le restaurateur l'avait frappée "avec une chaise sur le dos alors qu'elle était prostrée par terre", a rapporté un gendarme.

Sadomasochisme et libertinage

La plaignante avait révélé à cette occasion aux militaires qu'elle avait pu avoir "des relations sexuelles avec des tiers" et s'être livrée à du sadomasochisme avec la cousine de l'accusé, toujours "à la demande" de celui-ci. 

Après des "soirées libertines" sur Lorient "dans un premier temps", le couple de Gouesnach se rendait "dans des saunas" où Eric Laz se masturbait devant les fellations qu'elle faisait à d'autres hommes.

Cousine sadomasochiste et prostitution

Eric Laz et Christelle X accueillaient "nus" des invités dans le jacuzzi de leur maison ; le restaurateur "menait les débats" et "filmait" les ébats, a-t-il été rappelé ce jeudi au premier jour de son procès. C'est à ce moment-là que l'accusé avait mis sa compagne en relation avec sa cousine sadomasochiste de Quimper car cela "rapportait de l'argent".

La relation s'était toutefois arrêtée après que son compagnon se soit "disputé" avec sa cousine au sujet d'une "somme d'argent qu'il ne lui avait pas versée".

"Jusqu'à douze clients par jour."

Christelle X, sa compagne de l'époque aurait alors été "contrainte" de proposer ses services par le biais d'un compte GMail : "elle louait des Airbnb avec d'autres hommes" sur Nantes, Rennes et Lorient.

La partie civile enchaînait alors "jusqu'à douze clients par jour à raison de trois ou quatre jours par semaine". Elle "partait en train" et était contrainte de "prendre en photo les billets qu'elle gagnait" avant de les remettre à son compagnon à son retour sur Quimper.

Des précédentes relations déjà plus que border-lines

Cette première journée de procès en appel a aussi été l'occasion pour Eric Laz de revenir sur ses précédentes relations : la fille d'une avocate du barreau de Quimper a ainsi préféré déménager en Australie car "quitter la France était le seul moyen de ne pas avoir de représailles".

Son ex-épouse Christine X avait confirmé la "violence constante" de cet ancien moniteur de voile qu'elle avait connu dans un centre de vacances à Beg Meil : il lui faisait des "étranglements" et lui donnait des "gifles quotidiennes". Il avait par exemple "voulu introduire une télécommande dans le vagin" de celle-ci, mais elle s'y était "refusée".

Consommation excessive de cocaïne

La mère de ses deux premiers enfants avait aussi confirmé aux gendarmes le "côté un peu scato" de cet ancien moniteur de voile au CI-ORTF, qui lui "demandait de lui uriner dessus" après leurs rapports sexuels.

C'est dans ce contexte que les gendarmes étaient venus l'interpeller à La Cabane du Virage, à Beg Meil, mais le restaurateur se trouvait alors "chez un ami". Il s'était finalement rendu à leur demande à la gendarmerie, où il avait été "choqué" par son placement en garde-à-vue pour "viols", selon un gendarme.

Le restaurateur pensait être interrogé pour une affaire de stupéfiants, tant la consommation de cocaïne à La Cabane du Virage était "notoire". Il arrivait en effet que le patron redescende de l'étage "surexcité" ou "avec des traces autour des narines".

Ingérence dans l'enquête des gendarmes ?

Le directeur d'enquête est d'ailleurs convaincu que quelqu'un a "fait le ménage" dans le bureau du restaurateur pendant son "absence" chez son "ami" lors de leur venue. "Bizarrement, seuls des objets de type sex-toys" ont été saisis.

Les gendarmes n'ont de plus pas eut l'aval de leur hiérarchie pour faire venir un chien spécialisé, alors que "le meilleur moyen de trouver des stupéfiants dans un logement c'est un animal".

Docteur jekyll et mister hyde

D'un côté cet homme est décrit comme "bosseur, gentil et qui aime bien rendre service à ses amis". De l'autre, comme un "patron lunatique" et un "phallocrate" : il était "toujours à dénigrer les femmes", selon d'anciens salariés.

Un couple d'amis de Plogonnec (Finistère) avait aussi dit aux gendarmes qu'il passait des "soirées normales" avec Eric Laz et sa compagne - même si leur "vie sexuelle n'était pas dans les normes", que "les filles pouvaient avoir des relations sexuelles entre elles" et que les couples "pouvaient s'échanger", mais le tout toujours "sans contraintes".

Reste que "plusieurs témoins ont dit que, s'il sortait de prison, ils quitteraient le département", a fait observer la présidente de la cour d'assises d'appel de la Loire-Atlantique. "Il faisait peur à tout le monde", avait en effet déclaré l'un d'eux. "Des fois il est gentil, des fois il est méchant... À un moment, il faut qu'il choisisse d'être méchant ou gentil", avait dit son fils de 8 ans lors de son audition filmée par les gendarmes.

Déjà condamné par la justice

Eric Laz était par ailleurs déjà connu de la justice : mis en cause en 2006 pour des "violences" sur sa première épouse, il avait bénéficié d'un "classement" sans suites, a-t-il indiqué ce jeudi lors de son procès.

Le restaurateur a aussi été condamné en décembre 2022 par la cour d'appel de Rennes pour avoir "harcelé" depuis sa cellule la plaignante, alors qu'il était déjà en détention provisoire pour cette affaire criminelle. L'accusé l'avait notamment "menacée de déposer de la drogue à son domicile pour la faire tomber" si elle ne retirait pas sa plainte contre lui.

L'ancien patron de La Cabane du Virage a aussi été condamné pour avoir fourni de la cocaïne à ses salariés pour les "récompenser" de leur investissement professionnel et les "aider à tenir le coup". Eric Laz avait d'ailleurs tendance à payer leurs heures supplémentaires "en liquide".

Depuis, le bar-restaurant a été revendu à la barre du tribunal de commerce de Quimper à une autre société, le 28 octobre 2020 : il a été "obligé de céder le fonds de commerce" et de "signer en trois semaines" bien que "des amis" se soient proposés pour racheter l'établissement.

"Mon orgueil mal placé a reçu une leçon d'humilité" 

"Je me suis fourvoyé dans un bonheur illusoire", a donc concédé ce jeudi Eric Laz, qui a "usé et abusé" de la cocaïne et dont "l'orgueil mal placé a reçu une leçon d'humilité" depuis son incarcération.

L'ancien restaurateur a néanmoins trouvé le moyen de rappeler aux jurés qu'il avait une vie professionnelle riche et variée. Devant les gendarmes, il avait également dit ou laissé entendre que son père avait été "administrateur de la RATP et d'Air France quand il était à Paris", sa mère "juriste", son grand-père "directeur d'une laiterie à Quimper" et son demi-frère "professeur de surf à Bali".

Or il s'avère que son père était en réalité "attaché commercial" et sa mère n'avait plus d'emploi depuis qu'elle avait cessé son activité de vente de vêtements, a relevé la présidente de la cour. "Elle a commencé des études de droit qu'elle n'a pas terminées", lui a expliqué Eric Laz.

L'ancien patron de La Cabane du Virage - qui a aussi eu un temps un autre établissement à Loctudy - sera fixé sur son sort le 31 janvier 2024.

Quentin CEZARD avec PressPepper

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information