C'est l'emblème de Clohars-Carnoët dans le Finistère. Une maison rose à l'entrée du port dans un cadre idyllique : Une vue sur la commune, une vue sur l'océan, la maison est exceptionnelle à plus d'un titre. La mairie vient pourtant de refuser d'en hériter. Explications.
"C’est une maison qui a un charme fou et en plus sa couleur rose, je trouve ça magnifique…" Les promeneurs et les navigateurs la connaissent bien. Plantée au bout du port de Doëlan, alignée avec le phare, la maison rose se dresse, pimpante, dernière demeure avant la mer. C'est un des emblèmes de la commune de Clohars-Carnoët.
À lire : Un legs de 800 000 euros pour une petite commune des Côtes-d'Armor
Son propriétaire décédé a décidé de la léguer dans son testament à la mairie. "Derrière la maison, le jardin se prolonge, décrit Jacques Juloux, le maire de Clohars-Carnoët. La maison donne sur l'océan et le port. Elle est dans un cadre unique et exceptionnel."
Un legs empoisonné
Sur le papier, il y a de quoi faire tourner la tête à un agent immobilier. Mais finalement, c'est un legs empoisonné pour la mairie. Derrière la séduisante bâtisse, se trouvent des conditions trop lourdes fixées par son propriétaire défunt. Le conseil municipal vient donc à l’unanimité, de renoncer à en hériter.
"C’est un bien qui a priori avait toutes les chances d'entrer dans l'escarcelle municipale dès lors qu'elle était léguée, mais elle est grevée de charges", relate le maire. Le propriétaire exigeait que la maison rose devienne une résidence d’artistes. Sans possibilité d’y faire autre chose, de la vendre ou de la louer une partie de l’année par exemple.
Trop de charges
"C'est a minima un emploi consacré à l'animation, aux recrutements, à la définition des projets, au suivi des articles. Ce sont des charges, d'eau, d'électricité, d'hôtellerie…" Des travaux à prévoir, des charges élevées, aucune rentrée d’argent, ce bien immobilier séduisant, plombé par les contraintes, est hors de portée du budget de la commune.
Dans son testament, le propriétaire avait prévu qu’en cas de refus de la mairie, la demeure soit proposée au département sous les mêmes conditions. La collectivité finistérienne dispose de quatre mois pour l’accepter. Faute de quoi, la maison rose reviendra au légataire universel, à savoir l’héritier du propriétaire décédé.
Avec Julien Le Bot