Un bébé rorqual s'est échoué en baie de Douarnenez ce lundi 19 septembre. C'est le troisième cétacé échoué depuis le début du mois de septembre sur le littoral breton. Un phénomène, qui s'il n'est pas si exceptionnel, ne trouve pas d'explication claire.
Huit jours après l'échouage d'un rorqual à Tréguénnec, dans le sud Finistère, un baleineau a été trouvé sur la plage de Ty Anquer dans la baie de Douarnenez. Encore vivants et très affaiblis.
Pompiers et gendarmes ont tenté, à la faveur de la marée haute, de déséchouer l'animal d'une dizaine de tonnes. En vain.
C'est le troisième cétacé échoué depuis le début du mois de septembre. La triste série a débuté avec un rorqual commun de 19 mètres de long, entre 20 et 25 tonnes, échouée sur une chaussée de l'île de Sein.
Comment peut-on expliquer ce phénomène qui, s'il n'est pas exceptionnel compte-tenu de la présence de ces grands mammifères en Atlantique à cette saison de l'année, pose un certain nombre de questions.
Sept rorquals échoués en 2020
Le réseau national échouages (RNE) assure le suivi des échouages de mammifère marins, principal outil pour la connaissance et le recensement de ces espèces.
Dans son dernier rapport, le RNE constatait qu'avec 2410 échouages de mammifères marins, l’année 2020 avait encore une fois établi un triste record. "1 965 cétacés de 13 espèces différentes et 445 pinnipèdes ont été signalés échoués" précise le document.
Le rapport fait état de sept échouages de rorquals communs : cinq sur la face Atlantique et deux en Manche. "Depuis 2000, près de 40 % de ces échouages ont été signalés sur les côtes de Bretagne et principalement dans le Finistère" indique le site du RNE.
Pourquoi les côtes du Finistère ?
Trois échouages à quelques jours d'intervalle sur les côtes du Finistère, voilà qui pose des questions.
Lors de l'échouage du rorqual commun sur une presqu'île rocheuse de l'île de Sein, Cécile Gicquel faisait remarquer qu'"il est relativement rare de voir des rorquals communs rester de façon aussi longue dans nos eaux".
Cette spécialiste du Parc marin d'Iroise soulignait également que "les températures de l'eau de mer sont assez exceptionnelles cette année, ce qui pourrait avoir entraîné un déplacement de la nourriture des grands cétacés, et donc il est possible que ce soit une des causes de leur présence, mais cela reste difficile à établir".
Les scientifiques ont ainsi constaté que le krill, principal aliment des cétacés, se déplace de plus en plus vers les eaux froides, et qu’il avait diminué de 50% en 60 ans. Le réchauffement climatique pourrait ainsi avoir rapproché les cétacés des zones de pêche, augmentant ainsi le risque de collision.
La collision avec des navires
Sans écarter des causes naturelles à l'affaiblissement et la mort de ces baleines, ni le rôle des pollutions et notamment des pollutions plastiques, l'hypothèse d'une collision avec des navires revient régulièrement lors d'échouages de cétacés. Cela a été le cas pour celui de l'île de Sein notamment, qui présentait des marques sur ces flancs.
"L’incidence des collisions a augmenté au cours des dernières décennies et devrait continuer à augmenter, car le trafic maritime, la vitesse des navires et la puissance des moteurs ne cessent de s’accroître" indique le Réseau National Echouages sur son site. C'est d'ailleurs "la 1ère cause de mortalité identifiée pour les grandes baleines en France" précise le RNE.
L'animal, surnommé "le lévrier des mers", se déplace très rapidement. Mais il n'est pas toujours réactif lorsqu'il dort ou qu'"il est en pêche. De plus, le bruit des bateaux et les sonars sous-marins auraient également un effet déroutant sur ces mammifères.
"Ils envoient des "tac", des sons et écoutent l'écho pour se positionner ou trouver leur proie" expliquait François Sarano, directeur de l'association longitude 181, en juin 2021. "Mais quand tout à coup l'activité des navires est très importante, le bruit ambiant fait qu'ils se repèrent de moins en moins".