Le festival bien connu des Vieilles Charrues pourrait-il quitter Carhaix ? Le torchon brûle en effet entre les responsables de l'événement estival et la mairie. Le différend est tel que les organisateurs des Vieilles Charrues n'excluent pas de s'installer ailleurs.
La rumeur du départ des Vieilles Charrues inquiète les Carhaisiens. Le festival, le plus grand de France, même s'il ne dure que quatre jours, participe à la vie de la commune et à sa notoriété, insistent les habitants, entre ceux qui y travaillent, ceux qui ouvrent leur maison pour accueillir les festivaliers et les commerces de la ville qui profitent de l'événement.
"Une véritable injustice" pour Christian Troadec
Le maire de la ville, Christian Troadec, qui est lui même un des fondateurs du festival, a réagi vivement à cette menace de plus en plus persistante. "Toutes les écoles publiques de Carhaix sont mises à la disposition du festival, les lycées, les structures d'hébergement, le centre des congrès, l'espace Glenmor, les sites eux-mêmes... On ne fait en sorte que d'être au service des Vieilles Charrues, s'indigne t-il, et ce qu'on vit là c'est une véritable injustice, avec un bras d'honneur qui nous dit on va partir de Carhaix, on va trouver une autre ville pour nous accueillir, c'est vécu comme quelque chose d'extrêmement triste pour tout le monde ici et de ne pas reconnaître le travail des gens."
La pérennité du festival est en jeu, selon l'association
Si l'association des Vieilles Charrues envisage ce déménagement c'est parce qu'elle estime que la pérennité du festival n'est pas assurée. Elle réclame notamment, des installations fixes comme l'éclairage ou des sanitaires, afin de réduire le temps d'installation du festival, qui est actuellement de dix semaines et permettrait ainsi de réduire les coûts de fonctionnement. Des installations qui pourraient également permettre, avance l'association, d'organiser des événements ponctuels, en dehors du festival.
Un centre des congrès et une Société d'économie mixte
En réponse le maire de Carhaix propose la construction d'un Centre des Sports et des Congrès et la création d'une Société d'Économie Mixte pour la gestion du parc de Kerampuilh. Des propositions qui ne convainquent pas l'association organisatrice. "A la dernière assemblée générale du conseil d'administration fin décembre, on était d'accord à l'unanimité avec la création d'une Société d'économie Mixte. Donc il n'y a pas de problématique. Sauf que le projet, qui a été mis en place ne répond pas à nos questions" explique Jean-Luc Martin, le Président du festival On n'a pas de certitude sur les terrains dans le futur, on ne sait pas ce qu'il va y avoir dans la SEM. Le Palais des congrès, qui va le payer ? Qui va le gérer ? On ne sait pas. Forcément on ne peut pas signer un document en blanc !" Le festival craint en outre que la construction de ce palais des congrès perturbe grandement l'organisation de l'édition de 2021, la 30e.
Le contrôle du festival en question
Lors de son dernier conseil d'administration, l'association du festival a donc refusé les propositions faites par la ville et du coup la délibération sur le protocole d'accord entre la ville et l'association a été retirée de l'ordre du jour du conseil municipal du 16 décembre dernier. Ambiance plus que tendue à Carhaix à quelques semaines des prochaines élections municipales. Et ce qui semble bien être en jeu dans ce rapport de force, c'est le contrôle du festival des Vieilles Charrues. Un événement à 17 millions d'euros de budget.
Le reportage à Carhaix (29) de C. Aubaile, S. Ben Chérifa et G. Hamon
Interviews : des Carhaisiens - Christian Troadec, maire de Carhaix - Jean-Luc Martin, Président des Vieilles Charrues (images d'archives)