Dans le Finistère, depuis le milieu de l’année 2022, les attaques de loup se multiplient. L’Office français de la biodiversité en a recensé 26. Les éleveurs sont persuadés qu’il y en a bien davantage et demandent des analyses supplémentaires pour savoir combien il y a de loups dans le département.
Chaque fois qu’il pénètre dans la parcelle, Patrick Sastre ne peut s’empêcher de repenser aux deux attaques que son troupeau de moutons a subies. La première a eu lieu en décembre 2022, la seconde en janvier 2023.
"Les moutons avaient l’estomac vidé et mangé. Les poumons dévorés et les gros os des gigots broyés. Ce n’est pas un caniche qui a fait ça !" s’agace l’éleveur. Lorsque les moutons sont attaqués par des chiens, on les retrouve morts, mais ils ne sont pas mangés."
Patrick Sastre est éleveur depuis une douzaine d’années à Dinéault dans le Finistère. Avant l'arrivée du loup dans le département en mai 2022, ses bêtes paissaient tranquilles dans ses prairies.
Ce n’est plus le cas. Depuis le début de l’année, il a compté 96 moutons tués dans le département.
L’Office français de la biodiversité (OFB) a enquêté sur 52 attaques suspectes dans le Finistère. 26 ont été imputées au loup. "Les autres étaient sans doute le fait de chiens errants, explique Stéphane Buron, directeur de la Direction départementale des territoires et de la mer du département.
LIRE : Loup. Nouvelles attaques dans le Finistère, le premier plan loup est lancé
Loup, y es-tu ?
L’office français de la biodiversité estime qu’il n’y a qu’un seul loup dans le département, Patrick Sastre pense qu’ils sont au moins deux, dont peut être une louve. Il demande que des analyses supplémentaires soient menées.
"Si on fait un prélèvement sur les carcasses des animaux retrouvés morts, suggère-t-il, on devrait retrouver la salive de celui qui a donné les coups de crocs. On pourrait ainsi déterminer le sexe de l’animal, son origine, et en comparant l’ADN, on pourrait savoir combien il y a de loups dans le secteur. "
"Nous ne sommes pas dans un feuilleton télé, répond Stéphane Buron. La grande majorité du temps, les prélèvements sont contaminés. Ils sont trop vieux ou bien des charognards sont passés par là.
Pour l’instant, on a un loup, rassure-t-il. Cela fait des années qu’il y a des attaques de moutons en France, nous avons maintenant le recul suffisant pour analyser. Au moment de l’autopsie des animaux, en fonction de la profondeur des plaies et des lésions et de la taille des crocs, on peut savoir si l’on a affaire, ou non, à un loup. "
"L’animal est là, constate Patrick Sastre. Les éleveurs comme nous vont devoir apprendre à vivre avec". Un nouveau plan loup est annoncé pour la fin de l’année dans le Finistère. Il permettra peut-être de réconcilier les uns avec les autres.