Depuis le retour du loup dans le Finistère, des attaques sont répertoriées dans les quatre coins du département. La préfecture décide de prendre des mesures en mettant en place le premier plan loup ce 14 décembre 2022.
Au matin du 15 décembre 2022, en faisant sa tournée de toutes ses pâtures, un éleveur de Dinéault, dans le Finistère, aperçoit au loin une tache blanche qui ne bougeait plus. "Je me suis dit qu’à ce moment-là, il y avait un problème", constate Patrick Sastre. Trois de ses bêtes sont décédées.
Près d’une soixantaine d’agneaux et de béliers gambadent encore sur cette pâture de quatre hectares mais ils sont en potentiel danger. "J’ai des craintes", avoue l’éleveur devant sa bête sans vie. Pour contrer ces attaques répétées, la préfecture du Finistère se réunit, ce 14 décembre 2022, afin de lancer le premier plan loup sur le territoire.
"C’est l’œuvre d’un loup"
Il y a quelques jours, un loup a été signalé sur le secteur du Locronan. "Je ne suis pas loin de ce secteur, c’est vite fait pour une nouvelle attaque", déplore l’éleveur. Des expertises sont menées par l'Office français de la biodiversité (OFB). "Je ne vois pas quoi dire autre chose, mise à part, que c’est l’œuvre d’un loup ou d'un grand canidé", explique-t-il.
Lire : Carte. Retour du loup en Bretagne : le loup vu près de Rennes est-il celui vu dans le Finistère ?
Depuis le mois de mai 2022, des éleveurs ont recensé une douzaine d'attaques ces dernières semaines dans les Monts d'Arrée. L’éleveur finistérien attend une action radicale : la disqualification du loup d’espèce protégée à une espèce qu’on peut réguler de manière efficace. "Les loups ne craignent plus l’Homme", explique l’éleveur d’ovins.
Un premier plan loup en Bretagne
Ce 14 décembre 2022, un comité de pilotage départemental, réunissant les services de l'État, élus et associations, s'est tenu à la préfecture de Quimper pour un premier plan loup local. Une première réunion sous l'égide du préfet d'Auvergne-Rhône-Alpes, coordinateur du plan national d'actions.
Ce plan qui existe déjà dans d'autres régions, doit permettre de mettre en place une stratégie de prévention des attaques et d'information de la population. Pas question de maîtriser ou de chasser les bêtes qui restent une espèce protégée, mais d'apprendre à vivre avec lui.
Pour l'éleveur finistérien, il n'y a pas de protection possible. "Ces dernières années, il y a eu un moyenne de 13 000 animaux d’élevage tués par an. En 2022, ce chiffre sera battu malgré tous les moyens mis en place", pointe du doigt Patrick Sastre.
Une aide calculée en trois temps
La procédure consiste dans un premier temps au chiffrage et indemnisation des dégâts. Le barème prend en compte la valeur de l'animal. Ainsi, la perte d'une brebis fournissant du lait bio transformé sur l'exploitation sera indemnisée à hauteur de 720€. Tandis la perte d'un agneau de moins de 6 mois et non labellisé sera compensée par 105€.
Ensuite, un déblocage de crédits d'urgence par le ministère de l'Agriculture pour financer du matériel de prévention est prévu, comme des grillages ou des effaroucheurs .
Il est également prévu des fonds combinés de l'Europe et de l'Etat pour l'achat et le dressage sur deux ans, de chiots patous pour garder les troupeaux.