Grand-Champ : la population veut vaincre la pandémie sans tuer le petit commerce

Sans un arrêté municipal, ni même un mot d'ordre du maire, les habitants de la commune de Grand-Champ dans le Morbihan, se sont mobilisé nombreux, ce samedi, derrière les petits commerçants. Des commerces qui à leur yeux sont « tous essentiels » et risquent de mourir du confinement.
 

Dès l'annonce de ce nouveau confinement nombre de maires de petites communes ont montré leur désapprobation face à des mesures jugés jacobines et inadaptées à leurs situations. Pourquoi imposer les mêmes règles partout dans des bourgs de campagne comme dans des grandes villes,  alors que ni les conditions de vie d'habitat ou de transport, ni la fréquentation des commerces n'y sont les mêmes?
 

Les arrêtés municipaux suspendus par la Justice

Comme d'autres en France, quelques maires bretons ont bien tenté la voie judiciaire, décidant par arrêté municipal de maintenir l'ouverture de certains commerces jugés non essentiels par l'État. Ainsi à Vern-sur-Seiche près de Rennes, le maire avait signé le 31 octobre, un arrêté pour autoriser l'ouverture de tous les commerces alimentaires ou non alimentaires, dans le respect des règles sanitaires déjà en cours : 3 personnes maximum par commerce avec gel et masques exigés. Il pointait aussi la concurrence déloyale des grandes surfaces. De leur coté les maires de Auray et Priziac avait aussi signé des arrêtés similaires. Tous ont été suspendus. Pour les derniers, sur requête de la préfecture du Morbihan, le Tribunal administratif de Rennes a ordonné la suspension ce vendredi 6 novembre.
 

À Grand-Champ, 225 habitants se mobilisent pour soutenir leurs commerces  "non-essentiels"


Situé à une vingtaine de kilomètres de Vannes comme d'Auray, Grand-Champ compte 40 commerces pour 5400 habitants. Julie, Angélique, Lucie et Claire y sont esthéticienne, coiffeuse, ou encore gérante d'une boutic de déco.

Les commercantes s'insurgent contre les mesures gouvernementales qui les condamnent à une stricte fermeture alors qu'elles réunissent des conditions idéales pour recevoir les clients presque un à un, dans des conditions de sécurité sanitaire bien meilleures que celles des supermarchés. Elles pensent même à des prises de rendez-vous

Alors ici, le terme "non-essentiel" sonne comme péjoratif. Pour elles, leurs commerces sont essentiels pour des habitants qui n'ont pas tous le moyen de se déplacer. Essentiel encore pour leurs bien-être et pour le lien social, essentiel enfin pour les commerçants qui font vivre leurs familles de ce travail.
 

Les mesures gouvernementales sont inadaptées au terrain local. C'est ce dont témoignent deux habitantes qui défilent: "On a très peu de risque dans un village comme le nôtre. On peut passer à l’unité, une personne après l’autre, chez le coiffeur. Et dans tous les commerces on peut jouer comme ça."
Vous trouvez ces mesures absurdes ? " Elles sont bonnes pour des grandes villes mais pas pour des villages ou des petites villes!"
 

Personne ne s'attendait réellement à un tel succès, les habitants sont venus nombreux pour traverser le bourg dans une marche presque silencieuse. Ils vont passer devant tous les commerces. Devant les portes fermées, les manifestants, tous masqués, déposent quelques roses blanches comme pour le deuil d'une personne qui leur est chère.

 

Ce n'est pas une fronde mais on est aussi là pour faire remonter les informations du terrain

Yves Bleunven, maire de Grand-Champ

Yves Bleunven, le maire de Grand-Champ soutient lui aussi la manifestation des commerçants. Pour lui la fermeture des commerces c'est encore une "mesure jacobine" prise loin du terrain, même si pour le Président de la République les décisions auraient dû être prises en concertation entre préfectures et mairies. Pour ce maire, le gouvernement fait encore une fois des erreurs de communication en stigmatisant des commerces non-essentiels. Pour lui les gens d'ici sont capables d'être responsables "en même temps de la situation sanitaire et en même temps de la situation économique du pays" sans faire de fronde.
 


 
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