La cour d'appel de Rennes a rejugé ce mardi 28 février 2023 un ancien militaire de Pléchâtel (Ille-et-Vilaine) accusé d'avoir causé des "sévices graves" à deux chats du voisinage en tirant dessus à la carabine à plomb.
Jean-Luc X., un père de famille âgé de 60 ans, avait écopé d'une amende de 1.000 € devant le tribunal correctionnel de Rennes en août 2018 pour des tirs réalisés sur deux chats du voisinage qui avaient eu pour conséquence de leur occasionner des "sévices graves". Mais il avait relevé appel de ce jugement car il se dit innocent.
L'une de ses voisines avait en fait déposé plainte à la gendarmerie de Bain-de-Bretagne : la famille s'était absentée du domicile le 16 août 2017 et à son retour, elle avait découvert "le chat couché dans le jardin" avec "des blessures au flanc arrière" et "les poils couverts de sang".
Ils avaient d'abord pensé que "les blessures étaient superficielles", a résumé le président de la cour d'appel lors de l'audience de ce mardi 28 février 2023. Mais son état s'était ensuite "aggravé" et la famille avait découvert que l'animal avait "du plomb dans la cage thoracique". Il avait finalement dû être "euthanasié" car il était "agonisant".
"Il n'aime pas les chats", confirme son ex-femme
Cette habitante de Pléchâtel avait en conséquence contacté la mairie :"une employée lui avait dit "qu'un mois plus tôt un chat avait reçu du plomb au niveau de la tête" et que la plaie était "évocatrice d'une blessure par arme à feu".
Le second propriétaire de chat victime d'un tir avait pour sa part "constaté une blessure au niveau de l'œil" de son animal de compagnie le 26 mai 2017. "La plaie n'était pas infectée, il ne s'est pas inquiété mais un objet commençait à en sortir", a retracé le président de la cour d'appel : il s'agira finalement d'un plomb que le vétérinaire parviendra à sortir de la plaie.
Le professionnel de santé animale avait à l'époque indiqué à ses propriétaires que le chat avait été victime d'un "tir volontaire et visé". Son propriétaire avait bien soupçonné son voisin mais n'avait pas déposé plainte, se contentant de signaler l'affaire à la mairie.
L'un des propriétaires des chats visés avait ensuite contacté l'ex-femme de Jean-Luc X. : la mère de famille lui avait alors indiqué que son ex-mari était capable de faire du mal à ces animaux puisqu'il "n'aime pas les chats".
"Une cible avec un dessin manuscrit de chat" retrouvée chez lui
Son fils de 11 ans - à qui ce licencié du club de Janzé apprenait d'ailleurs la pratique du tir sportif - avait pour sa part confirmé avoir vu son père "tirer au pistolet à plomb sur les chats à deux reprises".
"Je ne tire pas sur les animaux", a pour sa part indiqué ce militaire retraité de l'armée de terre, chez qui les gendarmes avaient découvert "une cible avec un dessin manuscrit de chat et un cœur réalisé à l'encre noire".
Sa nouvelle compagne avait pour sa part indiqué que Jean-Luc X. "possède un pistolet à plomb" qu'elle gardait à son domicile, situé à proximité directe du centre de tir de Janzé. Il avait laissé l'arme à son domicile deux semaines plus tôt car il était convoqué par les gendarmes.
Chez elle, les gendarmes avaient finalement découvert "une valise qui contient une mallette plus petite" dans laquelle se trouvaient "des couteaux, des cibles et un pistolet à plomb".
"J'ai régulièrement dix ou quinze chats qui viennent chez nous, je leur laisse même des petites boîtes de croquettes pour qu'ils viennent prendre des friandises", a pour sa part fait valoir l'ancien militaire. Le prévenu estime donc qu'il est victime de son ex-femme qui avait "monté plusieurs affaires" au cours de leur "divorce très douloureux".
"Il ne doit pas être le seul a Pléchâtel a détenir une arme"
Cet homme jamais condamné, militaire jusqu'en 2009 puis agent administratif, a également indiqué qu'il portait "certaines médailles" lors des cérémonies organisées dans la commune, ce qui "n'est pas forcément bien vu" par les voisins, selon lui.
Reste que selon l'avocat général, "le pire témoin à charge dans ce dossier, c'est Jean-Luc X. lui-même puisque depuis le départ il n'a pas arrêté de mentir" : le sexagénaire avait en effet indiqué ne pas posséder d'arme. Le représentant du parquet général a en conséquence estimé qu'il n'y avait "guère de doute" sur sa culpabilité et a réclamé la confirmation de l'amende prononcée.
Son avocat, Me Olivier Chauvel, a pour sa part rappelé que les chats étaient "à 380 mètres à vol d'oiseau" et l'autre "à 5 ou 600 mètres" du domicile de Jean-Luc X., ce qui "fait pas mal de distance" pour "considérer que ce qui est arrivé aux chats est nécessairement le fait de Jean-Luc X.".
"Il ne doit pas être le seul à Pléchâtel à détenir une arme", a d'ailleurs relevé l'avocat rennais, qui en a déduit qu'aucune "démonstration factuelle et juridique ne vient prouver cela". Il a en conséquence estimé qu'une "relaxe s'impose nécessairement". La cour d'appel, qui a mis sa décision en délibéré, rendra son arrêt dans un mois environ.
SG/CB (PressPepper)