Coronavirus : professions médicales libérales, comment assurer la continuité des soins ?

Alors que le gouvernement a annoncé un confinement pour au moins quinze jours, les professionnels de santé qui exercent en libéral doivent s'organiser. Ils sont kinésithérapeutes, psychologues ou médecins généralistes, ils ont pris des dispositions. 

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"Nous avons fermé le cabinet hier sauf pour les patients prioritaires et vulnérables" explique Jérôme. Il est kinésithérapeute à Rennes. Sa profession ne figure pas parmi celles réquisitionnées. Pour l'instant pour lui, pas d'interdictions mais des directives données par l'Ordre des masseurs kinésithérapeutes.


Assurer la continuité des soins


Il continue de prodiguer des soins notamment auprès de patients en urgences post-opératoires, respiratoires ou encore neurologiques (AVC, sclérose en plaques...) et ce pour éviter les hospitalisations alors que les services sont déjà bien engorgés. "Cela fait partie de notre devoir", rappelle-t-il. Les séances ont lieu dans le respect des règles d'hygiène : port du masque et de gants obligatoires. Pour ces patients dans un besoin vital, il est recommandé de réaliser les séances à domicile. 

Madame Godard est, elle, psychologue en Ille-et-Vilaine. Son activité est classée parmi les auxiliaires médicaux, il n'y pas d'ordre, seulement un syndicat. "Nous n'avons pas d'obligation d'ouvrir ou de fermer mais j'ai décidé de fermer mon cabinet." Elle ajoute : "C'est la première fois que je vis ça."

Elle a dû revoir toute son organisation de travail. "Je fais tous mes rendez-vous depuis mon domicile par téléphone." Elle priorise le contact téléphonique malgré les moyens numériques. "Souvent en ligne, la connexion n'est pas très bonne, il peut y avoir un décalage entre l'image et la voix. Cela peut créer de mauvaises interprétations des attitudes corporelles." 

Elle constate que le confinement et cette nouvelle méthode ont des incidences sur ses rendez-vous. "Certains vont attendre les quinze jours et maintiennent la consultation de visu. Les plus anxieux, eux, veulent maintenir le lien. Le coronavirus pèse, surtout depuis que Bruz a été classé comme cluster. Cela instaure un climat de suspicion. Les patients angoissés par la maladie ont aussi besoin de cet espace pour s'exprimer et éviter d'angoisser leurs proches." 


"Notre mode d'exercice n'est pas habituel"


Philippe Pennec, médecin généraliste à Saint-Malo, exerce depuis 16 ans. Pour lui, tout a clairement basculé depuis une semaine et demie, "depuis jeudi dernier, c'est sûr." Dans son cabinet, tout est revu, les horaires s'étirent avec une nouvelle organisation, les consultations se déroulent avec un masque sur le nez en permanence. "On a créé un espace dédié pour ceux qui se présentent avec une toux fébrile, avec la possibilité pour eux de se laver les mains. Les horaires sont aménagés pour éviter que les gens se croisent."

Cette mise en place est angoissante, on navigue à vue. On sent que la situation peut déraper, que les cas vont augmenter et ceux plus sévères aussi.

Un tri est également fait par la secrétaire au préalable, pour décider d'accueillir les patients ou non. Pour ceux qui sont dans un contexte particulier : seuls, avec des facteurs de gravité, la vigilance est de mise. Le médecin prend l'initiative de prendre des nouvelles. "Tout spécialement à J - 6, J - 8, on rappelle parce que c'est là que le pic de gravité intervient." 

A Saint-Malo, précise le Docteur Pennec, un centre d'accueil dédié aux patients présentant les symptômes du coronavirus doit ouvrir ses portes prochainement, à l'initiative de médecins généralistes, infirmiers libéraux, en lien avec la municipalité, l'hôpital et l'ARS. Il s'agit encore une fois de soulager les cabinets libéraux, et les hôpitaux. 

 
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