Crise du bio : en Ille-et-Vilaine, les producteurs réfléchissent à des pistes pour sortir de l'ornière

La filière bio connaît des difficultés, entre le coût des énergies, des matières premières et l'inflation, la demande est désormais beaucoup moins forte. C'est même une véritable situation de crise qui se dessine. Pour y remédier, les agriculteurs bio, comme ceux du réseau Agrobio, groupement d'Ille-et-Vilaine, réfléchissent ensemble à de nouvelles solutions.

Durant les confinements, la filière bio a connu une belle embellie. Mais l'horizon s'obscurcit depuis un an. Entre coûts des énergies, des matières premières et inflations, la demande en produits bio est moins forte. Pour y remédier, les agriculteurs bio réfléchissent ensemble à de nouvelles solutions. Agrobio, le groupement des agriculteurs bio d'Ille-et-Vilaine s'est réuni pour son assemblée générale. 

"Un retour au conventionnel, c'est quelque chose que je ne parviens pas à imaginer"

Yves Jan produit du lait bio depuis 24 ans à Cesson-Sévigné près de Rennes. L'agriculteur est autonome en énergie et en aliment pour ses bêtes. Il est donc peu affecté par les variations des marchés. Mais, il craint la baisse de la demande des consommateurs en bio. "Si économiquement, ça venait à ne plus être viable, l'alternative, ça voudrait dire un retour au conventionnel, un retour aux pesticides, aux engrais chimiques, sur ce territoire-là, et ça personnellement, c'est quelque chose que je ne parviens pas à imaginer" confie l'agriculteur. Il faut vraiment que collectivement, on mette en place des actions pour passer cette phase délicate" poursuit l'éleveur, qui scrute l'évolution de la filière. Et les chiffres sont alarmants.

Baisse de la demande de 7% depuis un an

La demande en produits bio a baissé de 7% depuis un an. Pour le réseau Agrobio, le groupement des producteurs bio, l'État doit davantage apporter son soutien à la filière. "Ce qui était prévu avec la loi Egalim c'est 20% de bio dans la restauration collective, et on est très loin du compte, remarque Sonia Fretay, Présidente d'Agrobio 35. En 2021, on est arrivé à 6%. On a besoin de fonds immédiats, mais aussi de fonds destinés à la consommation, à la structuration et au développement de filières maîtrisées par les producteurs en agriculture biologique."

Des pistes pour relancer la filière

Remue-méninges pendant l'assemblée générale du groupement. Les agriculteurs élaborent des pistes pour relancer la filière. Et elles sont nombreuses.
Pour réfléchir avec eux, des experts en agroalimentaire durable dressent un état des lieux du secteur. Pour eux, une solution doit se généraliser en France. "Le secteur du bio a l'ambition d'inventer l'agriculture de demain et pour ça il faut plus de surfaces, plus de volumes, plus de marchés, selon Burkhard Schaer, directeur d'Ecozept, agence de conseil en agroalimentaire durable. Et ça, il faut le faire avec tous les créneaux de distribution et nécessairement aussi avec la grande distribution", assure-t-il.

 
Contractualiser avec la grande distribution et maintenir la vente directe et le contact avec les consommateurs, voilà deux des pistes qui pourraient relancer le bio en France.

(Avec Sarra Ben Cherifa)